jeudi 31 octobre 2019

Livres et cahiers pratiques - V8

Le guide V8 pour bien manger, garder la forme et s'amuser

Les Soupes Campbell Ltée, 1983.

Toutes les recettes sont essayées et goûtées par les cuisines de Campbell,
sous la direction de Pat Walker.

10,5 x 18,0 cm; 96 pages.



Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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mercredi 30 octobre 2019

Simulacre - Chapitre 7 - La troisième rencontre

Voici le septième chapitre de Simulacres (Pierre Rousseau, 1995; ancien titre Dague)

07 La troisième rencontre

Depuis qu'il avait coupé tous liens avec sa famille, Pierrick ne souffrait plus. Il était heureux de ne pas ressentir ces remords survenant lorsqu'un fait ou une personne lui rappelait un membre de sa famille. Il avait juste un peu de chagrin pour sa mère, qu'il voyait maintenant comme une femme à part entière devant s'assumer et voir ses enfants comme des hommes et des femmes. Si un parent lui demandait aide ou assistance, il serait prêt et généreux. Mais entre temps, il vivait sa vie sans attache ou redevances à quiconque.

Il décida pourtant, avant de se rendre à la terrasse de la rue Saint-Denis, de faire une courte visite à Rachel, sa sœur cadette. Et il le regretta. Non pas dans le regret du geste ou du déplacement, mais dans le chagrin causé par la non-réalisation d'un rêve.

Elle vivait seule, ne sortait jamais, se faisant livrer ses magazines et ses journaux à potins par un adolescent boutonneux qu'elle payait, dans le portique, avec de frénétiques manipulations de ses organes génitaux, jusqu'à ce que la jouissance éclate dans sa bouche, jouissance dont le jeune garçon ne pouvait plus se passer, provocant même des occasions pour revenir une heure plus tard, ayant par hasard oublié un périodique.

Elle écoutait la télévision, ou regardait des films pornographiques en se masturbant sur le lazy-boy, cigarette aux lèvres, ouvrant largement sa robe de chambre en jersey éponge qu'elle ne quittait jamais, qu'elle n'avait jamais le goût ni le temps de quitter en fait, même dans ces moments où la jouissance venait vite en entendant les plaintes simulées des acteurs. Car cet unique vêtement retenait ensemble la mollesse de son corps, évitant qu'il ne se liquéfie sur le tapis du salon.

Mais Pierrick ne savait rien de cela. Il ne voyait que sa sœur préparant un Jello aux fruits de la Passion. Il constata que dans son âge et dans ses traits, elle était une adulte - adulte déformée et mal dans sa tête - alors qu'il s'imaginait retrouver une petite fille. Il lui était toujours difficile de voir «adulte» les personnes qu'il avait connues enfants, et qu'il avait pourtant vu grandir et parvenir à leur maturité physique. Lui-même avait de la difficulté à sentir, au-delà de son corps, cette maturité affective qui lui aurait permis de mettre un terme à sa croissance personnelle pour manifester des comportements adultes. Mais il en était tout autrement de ses parents ou des étrangers qu'il voyait du premier coup d’œil comme des êtres parvenus au terme de leur extension physique et psychologique, ayant tous atteint cette dimension sociale et structurale apte à les intégrer dans la banalité de l'existence.

- Tu fais du Jello? demanda-t-il, parce qu'il ne savait pas quoi dire.

- Ça me ressemble! fit-elle. Grosse et molle comme du Jello. Et toi?

- Moi? Rien de spécial. Je peins.

Il n'avait rien à dire en mots, mais tout en sentiments:

- Je veux te dire... Tu sais? Patty Pout?

- Patty Pout?

- Mais oui, Patty Pout, la poupée que tu voulais!

- Je ne me souviens pas!

- Je riais de toi. Je me moquais.

Il mettait une ardeur étrange et incompréhensible à avouer son crime, comme si, par cette démarche, il expulserait à jamais ce remords fiché dans son inconscience.

- Je ne me souviens pas! fit sa soeur en plaçant, avec grande précaution, le plat dans le réfrigérateur.

En se penchant, sa robe de chambre s'ouvrit, et Pierrick remarqua que ses seins semblaient réellement sortis de moules à Jello. «Des Peter Pan...» pensa-t-il avec un sourire incertain, car il fut immédiatement gêné de ce regard - lui qui, petit garçon, cherchait à voir, chez ses sœurs en croissance, ces petits bouts d'anatomie en train de se développer. Mais son regard devait maintenant, et inconsciemment, filtrer la réalité en fonction des tabous inculqués par la société dans laquelle il vivait.

Après quelques minutes de silence et de gêne, Pierrick partit, rageur de se souvenir d'événements qu'il était le seul à connaître maintenant, souffrant de sentiments imaginaires et de remords fictifs. Mais il était convaincu que quelques bêtes hirsutes gigotaient encore loin dans la tête de sa sœur et tiraient les ficelles manœuvrant les mots et les gestes qu'elle faisait pour amadouer sa vie.

En cet instant, il pensa à son père, afin peut-être de nourrir cette tristesse qui l'envahissait depuis deux jours, et à laquelle, il le savait, il devait laisser le temps de se diluer. Pourtant, elle s'insinuait si lentement en lui qu'elle donnait l'impression de vouloir s'installer en permanence. Cet état de mélancolie lui faisait peur, comme si cette présence insistante allait déclencher des réactions violentes dans sa tête.

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À cette troisième rencontre à la terrasse, il voulut aborder un sujet particulier. C'est pour cela qu'il demanda à Tudi de lui parler de sa famille. Mais il se heurta à un mur.

- Je ne parle jamais de ma famille, lança Tudi, d'une façon brusque, mais honnête. Ni de mes problèmes d'ailleurs. Je ne veux pas connaître le problème d'un autre, car je ne verrai plus cette personne d'une façon objective. Je la jugerai à travers son problème. «Tiens! c'est Madame Gagnon avec son cancer du sein.» ou «Voilà Monsieur Savard qui s'est fait plaquer par sa femme et qui, en plus, souffre de constipation.»

- Mais de telles situations sont inévitables, s'étonna Pierrick. Oublie les problèmes des gens.

- Mais les gens, justement, ne veulent pas qu'on oublie leur problème, renchérit Tudi. Ils aiment aussi connaître ceux des autres. Ça les console. Ils y trouvent une relative supériorité parfois. Le bonheur des autres, ils s'en foutent. Ils ne philosophent jamais sur le bonheur des autres, car il n'y a rien à dire sur le bonheur des autres. Ce qu'ils veulent, c'est du malheur. «Y sont riches et célèbres, mais tu vois, leur enfant est infirme quand même.» Ça, c'est une belle phrase. «Y a trop longtemps flotté dans la ouate, la maladie l'a ramené sur terre.» Voilà une autre belle phrase.

- Tu y vas un peu fort! le réprimanda Pierrick, remarquant qu'il y avait un peu de hargne et de révolte dans les paroles qu'il venait d'entendre.

Les paroles que Tudi prononçait ne l'avantageaient pas aux yeux de Bérénice qui n'avait pas encore placé un mot, et qui semblait même s'ennuyer. Il le remarqua, bien sûr, mais il n'osa pas mettre en relief ce fait d'une façon ou d'une autre. Il avait même nourri le malaise en ne s'assoyant pas près d'elle, comme à son habitude. En prenant place en face d'elle, il augmentait ainsi la distance d'intimité, distance qu'il ne chercha pas à combler, même s'il la jugeait nécessaire à une réconciliation.

Il ne se sentait ni coupable ni entièrement innocent de cette situation. Mais il lui faisait quand même des reproches par ses gestes impatients, par son attitude faussement désinvolte, par son regard fuyant, et dans les idées qu'il exprimait. Bérénice n'acceptait pas ces reproches, même si elle était consciente d'avoir noyé dans l'ennui une soirée qui aurait dû être agréable. Mais les émotions - les siennes et celles de Tudi - étaient naturellement et légitimement incontrôlables en regard des attentes que chacun avait vis-à-vis l'autre.

Il était mal aisé d'anticiper les effets, ou de jauger le temps nécessaire à l'atténuation de cette déception. Chacun d'eux, en fait, espérait que l'autre fasse le premier pas, brise la vitre anti-sentiments qui les séparait, dise ou bouge ou touche en fonction d'une réconciliation. Il était donc paradoxal que deux personnes désirant sincèrement s'aimer restent là, passives, incapables de parvenir à dénouer le bonheur qui étouffait dans ses propres boucles.

Pierrick, en étant hors du malaise, mais en même temps la victime d'une décision qui pouvait le brimer d'une amitié, devenait le lien entre les deux. Par lui pouvait survenir le dénouement. Mais s'il était relativement facile de décider d'un geste de réconciliation, il devenait problématique d'orienter une destinée, à moins de connaître l'avenir, ce que Pierrick ne pouvait pas, bien sûr.

Mais Tudi ajouta, fidèle dans son principe de toujours terminer sa pensée, et aussi pour avoir le dernier mot:

- Je suis réaliste. Tiens, regarde les mélanges multiethniques. Ils déclarent: «Regardez les différences entre les races. Comme c'est beau! Comme c'est enrichissant!» Alors qu'ils devraient montrer les ressemblances. Ce sont les aspects communs qui attirent deux personnes lors d'une première rencontre. Ensuite peuvent venir se greffer les nuances, et pourquoi pas, les différences.

Et il renchérit, en évitant sciemment de regarder Bérénice:

- C'est comme les relations entre un homme et une femme. Il suffit de les regarder vivre ensemble pour constater qu'à long terme, les contraires ne s'attirent pas. Sur le plan sexuel entre autres. Enlevez la prostitution, il y aura encore plus de viols, de femmes battues, de violence conjugale. C'est la réalité animale.

La conversation tomba brusquement, et un malaise s'installa que Bérénice, contre toute attente, rattrapa au vol:

- Si ce trouble mal défini qu'on appelle malaise se poursuit, je quitte ce lieu corps et âme. Mais avant, j'ai quelque chose à vous proposer.

Quoiqu'étonnés, les deux hommes mirent tous leurs sens à contribution pour ne rien manquer de ce que Bérénice allait dire:

- Si tu amenais Tudi visiter ton atelier?

- Génial, fit Pierrick. Je prends un autre café, et nous y allons. Ah!, c'est vrai, j'ai un coup de téléphone à donner.

Cet appel ne l'enchantait pas, ayant même repoussé cette action depuis le matin. Il se leva pourtant et disparut dans le café-bistrot avec la lenteur et la mollesse de la fatalité.

Tudi regarda Bérénice jouer avec sa cuillère, plier et replier sa serviette de table, regarder les gens, manipuler avec frénésie les boutons de sa blouse, poser en fait tous les gestes inconscients d'une personne indisposée, ou malheureuse.

- Vous êtes malheureuse? lui demanda-t-il.

- Non et oui. Je ne suis pas malheureuse de ce que je fais, mais de ce que je pourrais faire.

Tudi la trouva vulnérable sous sa peau si blanche et si mince qu'il suffirait de faire une fine entaille dans cette enveloppe satinée, comme dans une outre, pour que le sang s'écoule dans un bouillonnement écumeux. Tudi savait pertinemment que l'attitude empreinte de fausseté qu'il prenait en ce moment perçait, transperçait, perforait cette mince membrane protégeant le corps contre les attaques extérieures, mais ne pouvant rien contre les attaques émotives faisant dépérir le corps par en dedans.

Il décida d'engagea la conversation par une question directe, courte et précise, et de faire table rase de toute ambiguïté:

- Vous posez pour Pierrick? demanda-t-il sans préambule, constatant toutefois que le sujet abordé faisait encore - et toujours - référence au corps, comme si Bérénice n'était que chair, seins et fesses, femme offerte à son contentement, à sa volupté, voire à sa délectation, sans préjudice, mais tout en s'aliénant le fait qu'elle était consentante à cet état de choses.

- Oui, répondit Bérénice sans aucune gêne apparente, appréciant apparemment de délaisser les émotions et les châtiments pour un divertissement sensuel hors des touchers. Il aime ma peau. Je pose ma chair.

- Donc nue? questionna indiscrètement Tudi.

- Oui, forcément, s'étonna Bérénice. Ma peau rosit, et même rougit facilement. Il dit souvent: «Ta peau est si blanche que c'est la chair qui se colorie dessous. Tu as une peau lumineuse».

- Je croyais qu'il peignait des roches? s'étonna Tudi, imaginant une comparaison entre la dureté de la pierre et la tendreté de cette chair, de cette pulpe recouvrant les os durs comme les pierres, et qui, pour lui, représentait les plaisirs et les frissons.

- Il donne ma chair aux roches, expliqua Bérénice le plus sérieusement du monde. Il examine les teintes de ma chair, dans différents endroits de mon corps. C'est une recherche.

- Et vous y croyez? insista Tudi.

- Beaucoup, répondit Bérénice avec une conviction qui laissa Tudi perplexe.

De plus en plus intrigué, il décida d'aller au fond des choses:

- Il utilise des projecteurs?

- De toutes les sortes. Il en a un dont la lumière est si pénétrante que je vois tous les vaisseaux sanguins sous ma peau. Je dois avouer que je n'aime pas tellement. Cela a l'air trop chirurgical. Il s'en sert uniquement quand la chair est bien rouge, à un endroit précis.

Maintenant épanouie et riante, Bérénice gardait cependant dans ses yeux un peu de cette tristesse, mais qui tenait peut-être plus à la configuration de ses yeux qu'à une véritable grisaille des sentiments.

- Vous faites l'amour ensemble? s'enquit Tudi.

Elle hésita devant une question autant directe qu'ambiguë, ne sachant pas si Tudi faisait référence à une pénétration complète - l'acte sexuel proprement dit - ou considérant comme tels différents gestes propres à déclencher le plaisir orgasmique.

- Non, répondit-elle.

Ce qui, en fait, ne satisfit pas Tudi, qui contre-attaqua:

- Vous avez hésité avant de répondre!

- Disons que nous faisons des jeux érotiques, répondit évasivement Bérénice.

- Des jeux érotiques?

- Pour colorer ma chair.

- Comment? insista Tudi, nullement perturbé de pénétrer dans le jardin secret de Bérénice.

- Il masse des zones de mon corps du bout des doigts, ou avec ses mains à plat.

Tout en parlant, Bérénice faisait des gestes parfois lents et doux, parfois tranchants, parfois flottants; des gestes qu'elle déployait jusqu'au bout, ne s'arrêtant jamais en chemin, et chacun d'eux avaient une signification, une symbolique de sa pensée du moment: scepticisme, étonnement, joie...

Ainsi engagé dans cette discussion que Bérénice ne semblait pas dédaigner - l'approuvant même dans ses mots, dans ses phrases, dans les mouvements de son corps, et même la flamme de son regard - Tudi multiplia les questions:

- Des zones érotiques?

- Oui. Il n'y en a pas une qui rougit pareille.

- Vous jouissez parfois?

- Oui, quand je le veux.

- Vous le voulez souvent?

D'abord hésitante, Bérénice décida finalement de jouer le jeu et de pousser son curieux interlocuteur jusqu'au bout de son fantasme:

- Non, répondit-elle. Si ce n'est pas utile.

- Donc, vous jouissez techniquement?

- En quelque sorte.

- À ce moment, j'imagine que Pierrick devient fébrile. Qu'il peint à l'emporte-pièce?

- Non. Il regarde attentivement. Il a la mémoire des couleurs et des teintes. Vous devriez voir ce qu'il a réalisé des jours après avoir vu une partie de mon corps. C'est extraordinaire.

- Vous changez souvent de positions?

- Selon les besoins.

Voyant finalement que Tudi, inconsciemment ou non, et comme un vulgaire voyeur recherchait des descriptions lubriques, elle décida de le satisfaire:

- Il aime la zone intérieure de mes cuisses, et particulièrement les parois de la vulve, lesquelles, au bord de la jouissance, deviennent d'un rouge vif, vultueuses comme il dit. Il m'a montré un jour avec un miroir. Vous allez rire, mais dès que j'ai vu ma vulve ainsi, j'ai joui immédiatement. Mais pas très fort cependant. Enfin, c'était très spécial.

Tudi se rendit compte qu'elle prenait une douce revanche pour l'incident des «miroirs». Néanmoins, par un manque flagrant de maturité, Tudi avait été trop loin dans ses questions. Lui qui se targuait d'une délicatesse et d'une absence de vulgarité, il manquait de respect pour cette femme. Il y avait bien sûr cette petite querelle qui l'avait, plus qu'autre chose, exaspéré. Mais il sentait au-dedans de lui, et dans ses sentiments à fleur de peau, cette sensation d'attirance physique, et de tendresse aussi, qu'il n'avait pas connue depuis si longtemps, et dont il craignait l'emprise.

Tomber en amour était d'ailleurs la seule chose qui, à cette époque, pouvait le perturber. Il savait que la passion acceptait tout, mais cette conviction d'être amoureux se neutralisa lorsqu'il constata qu'il y avait chez elle des comportements qui l'exaspéraient, comme le fait d'ajuster ses lunettes, ou d'être méthodique en posant symétriquement sa tasse de café, ses trois crèmes et son biscuit «lathocco», et par le fait aussi qu'elle bougeait trop, croisant et décroisant ses jambes, ou qu'elle restait plusieurs minutes sans bouger en fixant un visage ou une main.

Mais c'était de bien petites choses, et il se l'avoua. Physiquement, il la trouvait bien: taille moyenne, mince, peau blanche, cheveux noirs et courts qu'elle réussissait pourtant à nouer en une petite queue sur la nuque, lèvres rouges, yeux très bruns, joues...

Tout le temps, Bérénice avait suivi son regard.

- Avant, je mettais du rouge sur mes joues que je trouvais trop pâles, dit-elle. Pierrick m'a persuadé de ne pas en mettre.

Elle n'avait pas d'imperfections sur son visage, mis à part un minuscule grain de beauté - gros comme une tête d'épingle - à la commissure gauche de ses lèvres. Elle avait une toute petite cicatrice sur la première phalange de l'index gauche.

- Rien ne t'échappe toi! s'étonna-t-elle lorsque Tudi le lui fit remarquer.

- C'est mon métier d'observer, s'excusa-t-il.

Il aimait sa peau blanche qu'il désirait découvrir ailleurs sur son corps, imaginant les deux mamelons ressortant distinctement du bout des seins, son ventre, ses cuisses. Pierrick lui avait avoué en secret: «La toison de son pubis est à peine visible, comme une multitude de petits fils de cristal.» Tudi avait alors déduit qu'ils faisaient l'amour ensemble, alors que Pierrick prétendait faire oeuvre artistique dans sa soi-disant recherche expérimentale et exploratrice sur la chair de Bérénice. Il était donc déçu de n'avoir pas été le premier à découvrir ce corps fabuleux, telle la découverte d'une terre vierge. 

Elle portait souvent des vêtements noirs qui faisaient ressortir la blancheur de sa peau et mettait en relief la rondeur de ses seins en leur donnant plus de volume.

- Vous aimez le noir, me semble-t-il, fit Tudi.

- Aucune couleur ne reste à la surface du noir, 
expliqua-t-elle. Elles s'engloutissent dans le centre pour ne plus rayonner que cette fausse couleur qui est en fait toutes les couleurs, dont la lumière ne peut ressortir. La lumière prisonnière d'un trou, un trou noir. C'est cette lumière qui blanchit ma peau jusqu'à éclairer mes organes, et qui fait bouillir le sang dans mes veines. En me concentrant, je parviens à voir l'intérieur de mon corps, comme ces petites caméras au bout d'une tige que les chirurgiens introduisent dans le corps. Je m'y promène à mon gré.

Elle regarda Tudi plus intensément, sachant depuis longtemps qu'il désirait son corps, ne s'en offusquant pas, mais désirant privilégier une sérénité des gestes et des regards.

- Mon corps est comme une salle de projection, continua-t-elle. Pierrick en connaît le moindre coin secret. Il place une petite toile près de la partie de mon corps qu'il veut peindre. Il mélange les couleurs. Il est rapide. Parfois, j'aimerais presque qu'il étende directement sur mon corps les couleurs pour qu'elles s'amalgament aux miennes.

Mais Tudi n'écoutait plus ces paroles dont il ne comprenait pas le sens, se concentrant sur le corps de Bérénice bougeant devant lui, obnubilé par il ne savait quel magnétisme, épelant la chair de cette femme comme il savait si bien épeler les mots hors de leur sens étymologique, pour ne garder que la pureté de leur structure délicate. Tudi trouvait d'une fragilité exquise ses doigts qu'elle agitait comme dix petites marionnettes, ou qu'elle frottait bout à bout comme font les mouches avec leurs pattes, en pointant parfois l'index droit ou l'index gauche, indifféremment.

Il regarda ses petits poignets, ces charnières qui font la grâce des touchers. Elle mettait le cadran de sa montre-bracelet vers le bas: «Je perçois mieux ainsi le pouls du temps», disait-elle.

Il trouva beaux ses yeux qui se plissaient au moindre sourire, son nez que la moindre moue retroussait, le petit grain de beauté qui s'avançait sur la joue comme un radeau sur la mer, ses lèvres qu'une ingénuité arrondissait subtilement.

Il constata qu'elle le charmait, comme on charme un serpent...

Pierrick revint brutalement à la terrasse, brisant avec fracas le charme qui s'installait:

- Allons-y! lança-t-il sans préambule.

- Tu ne prends pas un autre café? s'étonna Bérénice.

- J'en ai plus le goût, répondit Pierrick en quittant rapidement la terrasse.
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mardi 29 octobre 2019

Littérature enfants/jeunesse - Qui cherche trouve

Qui cherche trouve

«Un magnifique arrêt»

Texte de Neil et Ting Morris

Illustrations d'Anna Clarke

Éditions Gamma - Éditions Héritage Inc.

Paris - Tournai - Montréal, 1985.

19,5 x 24,5 cm; 20 pages.



Les livres de la collection «Qui cherche trouve» racontent tous l'histoire d'Emma et de Jean, son jeune frère. Ce qui les différencie des autres livres, c'est que tu dois chercher dix objets mystérieux dans chaque illustration. Ne lis donc pas seulement l'histoire, regarde aussi la liste de mots et vois si tu trouves les objets mystérieux. Un dessin de chacun d'eux aide les jeunes enfants qui ne savent pas encore lire.

Dans Un magnifique arrêt, le frère d'Emma participe à un match de football en position de gardien de but. Il étrenne ses nouveaux gants. Mais l'inattendu arrive! Vois si tu trouves les gants de Jean. Ils sont représentés dans chaque illustration.


Photo: Pierre Rousseau - © 2019
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lundi 28 octobre 2019

Théâtre - Tit-Coq

Tit-Coq

Pièce en trois actes

Gratien Gélinas

Les Éditions de l'Homme, Montréal, 1968.

198 pages.






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dimanche 27 octobre 2019

Bandes dessinées - Spirou Magazine

Agenda scolaire Spirou 1989
Spirou Magazine

Supplément au Journal Spirou N°2646 du 28/12/88

Les Éditions Dupuis, 1988.

11,0 x 17,5 cm; 146 pages.


Photos: Pierre Rousseau - © 2019
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samedi 26 octobre 2019

Bandes dessinées - Agenda scolaire Spirou 1989-90

Agenda scolaire Spirou 1989-90

Spirou Magazine

«Une année de vacances scolaires»

Supplément au Journal Spirou N°2682 du 6/9/89

Les Éditions Dupuis, 1989.

11,0 x 17,5 cm; 134 pages.


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vendredi 25 octobre 2019

Religion - «Sacra Virginitas»

«Sacra Virginitas»

de Sa Sainteté le Pape Pie XII

sur

La virginité consacrée à Dieu

(25 mars 1954)

Lettre encyclique

Bonne Presse, Paris.

15,5 x 18,5 cm; 32 pages.

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jeudi 24 octobre 2019

Livres et cahiers pratiques - Rita Martin présente ses recettes préférées

Rita Martin présente ses recettes préférées

Robin Hood Flour Mills Limited, s/d.

15,0 x 10,5 cm; 16 pages.




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mercredi 23 octobre 2019

Bandes dessinées - Rouletabille

Rouletabille
Les mystères de la chambre jaune

D'après Gaston Leroux

Adaptation et scénario: André-Paul Duchateau.

Dessin: Bernard-C. Swysen
Coloriage: Cécile Schmitz
Photogravure: Wespin

Claude Lefrancq, Éditeur, 1990.

Coll. «Détective» N°10.

48 pages.




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mardi 22 octobre 2019

Politique - René Lévesque

René Lévesque, portrait d'un Québécois

Jean Provencher

Les Éditions La Presse, Montréal, 1973.

Plusieurs photos.

270 pages.


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lundi 21 octobre 2019

Musique et chansons - Richard Desjardins

Richard Desjardins - La parole est mine d'or

Carole Couture

Les Éditions Triptyque, Montréal, 1998.

196 pages.



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dimanche 20 octobre 2019

Livres et cahiers pratiques - Recettes pour tous les jours

Recettes pour tous les jours

Compilées d'après la bibliothèque culinaire de Crisco,

par Katherine M. Caldwell, B.A.

The Procter & Gamble Manufaturing Co., Hamilton, 1921.

13,0 x 18,0 cm; 60 pages.




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samedi 19 octobre 2019

Journaux et périodiques - Qui Hebdo

 Qui Hebdo
«Qui était René Lévesque?»

18 septembre Vol. 1 N°1.

Le Éditions Télémédia, Montréal, 1993.

74 pages.


Photo: Pierre Rousseau - © 2019
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