samedi 6 juillet 2019

Poésie - État de siège

« État de siège »,
un de mes poèmes dans Steak haché, Vol 1, numéro vingt-neuf,
le 28 septembre 2000, page 33.


Quand j'ai écrit ce poème, je filais mal, pour dire: démoralisé. Des fois, certaines lectures - du Lautréamont par exemple -, ça éclaire noir par en dedans. Et puis le besoin sort, dans une évacuation de mots crus, sans transformation, sans atténuation, brutale.

ÉTAT DE SIÈGE

Sexe bandé comme un gratte-ciel
Enculage de nuages roses, coït en zone aérienne
Accouplement volage, fécondation in virgo
Bonne conscience dans les nombrils eunuques
Fesses humaines, éponges humides par derrière titillé
À venir geindre, pluie d'anges dans l'esprit de Dieu
Qui sera, le temps de l'écartement grandiose,
Plus grand que son Père en triangle éborgné.

Splendeur et polissonneries dans la fosse
Veinules odorantes, engloutisseur de ruines
Vive mécanique céleste et anusienne
Lautréamont est de retour, lustrez votre anus
Voilà le maître dressé dans son manteau noir
Qui fait voir l'innommable par sa fosse iliaque
Belle nuit assouvie et galbe lumineux en visite
Homme constipé et athée périra en son manoir.

Amour rusé et malice subtile, enceinte
Morsure de fesses et horions, pinces et crabes
Chauffés, rotifères bouillis prestement
S'étiolent les vents solaires soufflés crus
Pourrissent les comètes, les nuages, désastre
Ne reste qu'un ciel inhabité, vide d'espoir incréé
Noir cœur en chaumière, sauvage désert
Nuit affreuse là où la matière chut, désolante.

Puis l'homme dit à qui l'encule:
«Le désespoir est la plus petite de nos erreurs».

Pierre Rousseau, septembre 2000.

Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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