vendredi 27 septembre 2019

Poésie - Corps empesés

Corps empesés


Les poulies grincent
dans la nuit ouverte aux fleurs closes.


Toute parcourue de mauvais sorts
La voisine appelle son chat noir.


Les vêtements s’enfilent sur la corde à linge.
Rien que du blanc
à succulence de résurrection.
Reddition des corps,
Fantômes dénudés attendant l’aurore
pour revêtir l’image
qu’ils se font d’eux-mêmes,
Ennoblis par la clarté des vestiges.

Les gens pressés se pressent
contre eux-mêmes.
Battent leur oreiller
comme on bat le chemin
Et plantent leur sommeil
dans les grands ravages.

Pierre Rousseau. Sur le dos de la nuit, 2005.

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