Le travail en miettes
(spécialisations et loisirs)
Georges Friedmann
Gallimard, «Idées 51», 1964.
«Ce dont les travailleurs ont été privés dans le travail, initiative, responsabilité, achèvement, ils cherchent à le reconquérir dans le loisir.»Et, dans la marge de la page 192, j'avais noté: Hobbies = quelque chose à aimer.
* L'utilisation du terme «Hobbies» montre bien la forte influence qu'exerçait, à cette époque, l'anglais sur les Montréalais en général, et sur moi en particulier. J'y reviendrai.
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Ci-dessous: un synopsis (Source: WEB) et tous les soulignements et annotations lors de ma lecture, à l'époque, de ce livre fascinant.
Synopsis
Le travail en miettes étudie les effets du progrès technique sur le travail. Ce livre est une des premières grandes synthèses sur le travail moderne. Le travail à la chaîne parcellise les tâches et vide le travail de son sens. La rationalisation du travail modèle aussi bien les loisirs que l’éducation et la formation. Friedmann perçoit aussi simultanément les perspectives ouvertes par les nouvelles formes d’organisation du travail et les possibilités offertes par l’automation. Il dresse dans ce livre un tableau saisissant de la société affectée par « le milieu technique ». L’acuité de son regard sur le travail fait de ce grand classique de la sociologie un ouvrage actuel qui stimule toujours la réflexion sur l’avenir du travail.
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L'auteur met l'accent sur les trois mots suivants: initiative, responsabilité et achèvement. Il fait référence surtout au travail à la chaîne, où le travailleur est un simple exécutant: pas d'initiative, pas de responsabilité et, surtout, pas d'achèvement, alors que le loisir représente l'autonomie (liberté), et d'une certaine façon, le pouvoir, et, au-delà du divertissement et de la détente, un projet pouvant être parachevé. Le passe-temps peut donc devenir un emploi du temps où se retrouvent intimement imbriqués l'initiative, la responsabilité et l'achèvement. Tout cela impliquant, bien sûr, de trouver quelque chose à aimer.
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Les effets de l'automatisation sont si complexes qu'il est impossible aujourd'hui de discerner dans l'avenir leur signification ultime pour l'espèce. 21
La confection est une des branches modernes de la production industrielle où l'éclatement des tâches a été le plus poussé. 33
L'éclatement des métiers pose, comme un de ses corollaires, le problème de la promotion ouvrière dans l'entreprise: la «déqualification» de nombreuses tâches (...). 38
(...) le déclin dans la connaissance du matériau. 39
Il n'exclut pas l'adaptation psycho-motrice à une cadence rapide et certaines formes d'habileté. 43
(...) de graves appauvrissements ou altérations de la personnalité. 44
C'est le principe des substituts, les utility-man (...) qui servent à boucher les «trous» d'une chaîne (...). 46
Quoi qu'il en soit, la tendance à substituer des «pluri-O. S.» à des professionnels polyvalents est nouvelle et importante. 47
(...) vieillissement prématuré (sur une chaîne de production, ouvriers effectuant des tâches nettement inférieures à leur qualification). 50
La satisfaction paraît donc souvent liée à une certaine complexité interne de la tâche. 52
(...) les automatismes psychomoteurs. 61
(...) l'homme est par nature un animal fait pour vivre et agir en société. Il s'ensuit que c'est en groupe qu'il réalise le plus sûrement ses capacités et obtient le meilleur rendement. 66
(...) ce sont des tâches qu'on n'a pas besoin d'apprendre (...). 69
(...) l'ensemble d'attitudes désignés sous le nom d'ennui, peuvent être atténués lorsqu'on substitue à l'uniformité une certaine variété. 72
(...) là où les travaux sont trop spécialisés, à la fois le rendement et le moral laissent à désirer. 83
(...) enrichir (les tâche) grâce à de nouvelles exigences de responsabilité et d'habileté (...). 99
(...) favorisent une plus grande liberté et complexité du travail individuel à l'intérieur d'équipes (...). 109
Nous avons affaire à une réaction contre les excès de la division du travail, non à une attitude réactionnaire. 111
(...) s'il est interrompu en fin de tâche, la frustration ressentie est plus grande. 118 Dans la marge: travaux scolaires (art)
(...) le désir de «voir que l'on a avancé» (et) le sentiment que l'«on n'avance pas». 124
(...) la connaissance partielle d'un cycle complexe laisse dans l'esprit humain un stimulant bien plus vif que la perpétuelle et routinière répétition d'une tâche facile. 127
L'ouvrier, dit-on souvent, se trouve réduit au rôle de machine». 139
La division du travail véritable, «normale», implique que le travailleur n'est pas replié sur sa tâche, mais demeure tourné vers ceux qui l'entourent, les influençant et influencé par eux. Simultanément, et par là même, il sait que son action tend vers un but dont il perçoit au moins les principaux contours. 140
(...) qu'il y a une longueur optimal de la journée de travail, pour laquelle le rendement journalier est maximum. 143
144 Soulignés dans la page: production rationalisée et activité fonctionnelle.
(...) le syndicalisme n'est pas seulement ni même essentiellement la défense de leurs intérêts: c'est une expression visible, un symbole concret de solidarité, un réseau de liens humains dans la jungle industrielle. 151
La solidarité morale est, en fait, étroitement dépendante de la structure de la société et des rapports que celle-ci institue entre producteurs. 151
(...) alors que l'ouvrier «spécialisé» de Taylor est bien davantage dressé qu'instruit ? 163
(...) l'enseignement intuitif (...) 177
(...) de comprendre ce qu'il fait ... 183
Ce dont les travailleurs ont été privés dans le travail, initiative, responsabilité, achèvement, ils cherchent à le reconquérir dans le loisir. 191
192 Dans la marge: Hobbies «quelque chose à aimer».
(...) ou d'autres formes de contraintes, politiques, professionnelles et culturelles, s'introduisent dans le temps libéré de beaucoup de travailleurs? 197
Chez les uns, l'impossibilité d'affirmer la personnalité dans le travail crée une insatisfaction plus ou moins consciente (...). Chez d'autres, elle encourage, dans le comportement hors travail, des tendances agressives, un besoin désordonné d'affirmation de soi qui se manifestent, (...) par des signes d'excentricité dans les loisirs, la passion des paris et des jeux de hasard (...) 198
Leur temps hors travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physique qui pèse jusqu'à briser, sur leur capacité de se divertir et même de se réparer. 200
Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouage accroît son bien-être matériel mais ne fait qu'accentuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de travail et l'existence hors travail. 200
(pour des populations dites «primitives») l'introduction d'une notion de temps qui leur est étrangère. 201
Toutefois, il y a diverses formes d'évasion dans le loisir, dont les deux pôles sont, à une extrémité, la conduire dite «tuer le temps», à l'autre, l'authentique loisir actif. 204
Il s'agit de se distraire de soi-même, de son vide et de son ennui profond, plus ou moins conscient, où l'insatisfaction du travail est un élément important. 204
(facultés physiques, intellectuelles, caractérielles) Pour bien vieillir, il faut vieillir uniformément. 236
236 Souligné dans la page: inutilité sociale
(...) considèrent «le travail comme une sorte de punition que les gens doivent subir afin de pouvoir trouver ailleurs leur satisfaction.» Douglas Mc Gregor 253
255 Souligné dans la page: le robotisme
(...) trouver un nouvel équilibre et dominer son milieu. 258
«(...) apport d'humanisme.» 259
(...) dans l'esprit de l'étudiant combien sont importants les rapports entre les hommes (...). 259
Ils ont cessé d'être des technicistes, réduisant tous les problèmes à leur dimension technique. 264
C'est le temps hors travail (...) qui doit constituer pour l'homme «le véritable domaine de la liberté».270
Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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