mardi 18 février 2020

Poignet de laine

Il nous faudrait saisir le poignet de la Mort,
Cette mal-aimée,
Pour la retenir,
Comme le câble le navire
     échoué,
Pour rien, pour voir,
Espérer un trésor dans les décombres
     de tant de malentendus.

Il nous faudrait saisir son poignet d’une main,
Et de l’autre,
caresser sa joue,
     Une fois,
     Deux fois
     Trois fois...

Nous ne sommes pas à la hauteur
Quand la Mort,
     Ivre de conquêtes,
     La gueule grande ouverte,
Avale l’espace et l’air du temps
Entre les saules pleureurs
     penchés sur l’eau miroitante
Où patinent, légères,
     les frivoles nèpes carnivores. 

Pierre Rousseau, Sur le dos de la nuit, 2005.
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