vendredi 16 octobre 2020

Écrire Montréal - Le mur

Dans Écrire Montréal (Pierre Rousseau, 2002):


Le mur

Il y a là

un mur défensif.

Un bastion imprenable.

Un rempart contre

la condition humaine.

Ici, pas d'odeurs

sauf celle de la ville

les gaz d'échappement.


Derrière, des personnes

se reposent.

À l'abri.

À l'ombre.

Tranquilles.

Des gens qui se cachent.


Comme d'habitude,

ni vues,

ni connues.


Elles n'ont pas de couleurs,

des fleurs grises

qu'on ne remarque pas

        sur le ciment meurtri.


Parfois, on entend

le bruit d'une bouteille

qu'on lance

Et qui rejoint les autres

vides

dans un tas désordonné.

L'immatériel est aussi ici

dans les reflets

dorés

ou verts

du verre.


Je pense à leurs yeux qui n'ont

que des lueurs grises

grises comme les pierres

        les pierres à aiguiser les malheurs.

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