samedi 10 octobre 2020

Notes et citations - Avant les rénovations...

Voici un texte que j'ai lu dans les années (1994?) et que je trouvais bien écrit, le prenant même comme exemple. Il décrivait, entre autres, l'état de l'église Saint-Nicolas (La Queue-en-Brie), avant sa rénovation. Auteur inconnu.


".... Un matin d'octobre, un de ces matins où, par un froid très vif, au ras des champs, s'effilochent de longs lambeaux de brume, j'étais parti à la découverte. Par un mauvais chemin montant, sillonné d'ornières glaiseuses, tout à la sortie du village, de mon promontoire, La Queue-en-Brie m'apparut dans toute sa pittoresque unité.

L'automne n'avait pas encore mis partout ses tons rouille et or sur les feuillages de l'été finissant, mais distillait déjà ses grisailles. Au creux du vallonnement se dessinaient le cours du Morbras et, plus haut, serrée autour de sa massive église, la vieille cité avec ses toits de tuiles brunes.

De la rosée perlait sur l'herbe rase et, du côté de Pontault, le soleil n'arrivait pas à percer les nuées épaisses d'octobre. Mais ce brouillard qui enserrait La Queue-en-Brie, son église, ses maisons, apportait dans ce tableau un note d'irréel et semblait propice à ce pèlerinage vers le passé que je venais d'entreprendre. Il me suffisait de recréer, sur ce fond de vérité, ce que l'imagerie nous a conservé, pour, brusquement, retrouver "la ville et châtellerie" telle que la connurent un bon demi-millénaire plus tôt, seigneurs, bourgeois et serfs du temps du Roy Charles, le sixième du nom.

Je la voyais surgir, cernée de ses murailles fortifiées, bordées de fossés, percées de trois portes, l'une s'ouvrant vers Paris, l'autre vers Lagny, la dernière vers Brie-Comte-Robert, la cité suzeraine. Mais je devinais, surtout, l'énorme donjon qui la dominait. ..."

[extrait de La Queue-en-Brie, Nouvelle chronique caudacienne de Jean Roblin, Famille Roblin, 1994].

(...)

«Ceux qui ont eu la chance de trouver l'église ouverte se souviennent d'une double porte difficile à manœuvrer, d'un sas sombre et humide avec des murs lépreux à la peinture écaillée, et d'une vilaine porte intérieure en bois, le tout peint en rose. Derrière cet ensemble peu accueillant, le bénitier, vide et sombre sous la plaque commémorative des morts de la guerre 1914-1918, émergeait bien peu de la pénombre ambiante. 

«Pénombre, poussière et toiles d'araignées avaient au moins l'avantage de masquer en partie les fils électriques qui couraient en plein milieu des murs de la nef pour alimenter quelques ampoules nues. Mais elles ne permettaient guère d'apprécier à gauche, le tableau - lui aussi inscrit au classement - de l'Ecce Homo donné par Napoléon III à la paroisse, et à droite, le crucifix qui faisait face à la chaire. La célèbre statue de Saint Nicolas, classée depuis 1905 et haut perchée sur le mur latéral gauche, n'était elle-même guère mieux lotie.

«Les boiseries peintes au siècle dernier ne supportaient plus le poids de deux statues de Saint Jean et Saint Marc, abandonnées au ras du sol dans un bric-à-brac de pieuse ferblanterie. L'unique et horrible pupitre servait de lieu de proclamation de la Parole de Dieu, mais dépourvu de micro, ne pouvait assurer sa fonction correctement. Aucun crucifix n'était installé dans le chœur.

«Un amas de chaises et prie-Dieu cassés encombraient la chapelle latérale. Sous le vitrail représentant Jésus parmi les docteurs de la Loi, un pan de mur lépreux ne faisait que bien mal ressortir un ancien banc d'œuvre fort poussiéreux. Au sol, une partie de l'ancien pavage de tomettes avait disparu.

«Au fond et dans l'ombre se tenaient les fonts baptismaux, délaissés depuis plusieurs décennies. Accrochée à un pilier, une peinture sur bois du 17e siècle représentant Saint-Jérôme lisant la bible continuait de se détériorer lentement sous l'effet des ans et de l'humidité ambiante. Près de la sacristie et placée dans une niche étoilée, une grande statue de Marie, très écaillée, dominait curieusement le Saint Sacrement.»

[(?) extrait de "La Queue-en-Brie, Nouvelle chronique caudacienne" de Jean Roblin, Famille Roblin, 1994].

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