lundi 24 décembre 2018

Fouilles - Clef de seule

Petit texte poétique écrit dans Fouilles (Pierre Rousseau, 1990?):

La femme, fine feuille et oreille fine, blanche unité de corps et d’esprit, est partie, portée ailleurs d’ici. Finie la rengaine, finies les fausses notes. Adieux misogynes et autres politesses rondes. Voilà les intervalles fins, secondes plus que jours, voilà la mesure impaire à sept temps, pour l’homme laissé vacant.

La femme va aux chants, musique au nombril sans éthique, ventre allant tambour battant. Elle renonce à la partition, aux feuilles aux rayures stridentes, tourne la clef, fait scission et partage, bat la mesure à vif, joue faux, pour l’homme laissé incompris.

La femme cueille les morceaux et les fragments, avant de virer l’homme à tout bout de chanson, pour changer d’air qu’elle dit. Elle orchestre en clair, net fado et mélopée, devient chanteuse aléatoire sur les pistes de la vie. L’or se gonfle sous sa poitrine. Les attendrissements pernicieux brillent pour l’homme échafaudant son avenir à même les refrains de celle qu’il aime.

La femme prend un temps mort, une pause silence, maintient de secrètes réticences, bat la mesure des gestes perdus, stagne d’épuisement poétique, tourmente la  langueur, s’ancre sur le sol, retient la sonorité des mots, couchée sur le dos, sans contre-ut, épave intacte sur une portée déserte.
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