samedi 15 décembre 2018

Littérature française - Les rêveries du promeneur solitaire




Jean-Jacques Rousseau Les rêveries du promeneur solitaire,
Garnier-Flammarion 23, 1964
Photos: Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau

Voici quelques extraits que j'avais soulignés en lisant Les rêveries du promeneur solitaire, un cadeau de Noël (1968) de ma sœur Rolande :

Les particuliers meurent, mais les corps collectifs ne meurent point. 39

Qu’on épie ce que je fais, qu’on s’inquiète de ces feuilles, qu’on s’en empare, qu’on les supprime, qu’on les falsifie, tout cela m’est égal désormais. Je ne les cache ni ne les montre. Si on me les enlève de mon vivant, on ne m’enlèvera ni le plaisir de les avoir écrites, ni le souvenir de leur contenu, ni les méditations solitaires dont elles sont le fruit, et dont la source ne peut ne s’éteindre qu’avec mon âme. Si dès mes premières calamités j’avais su ne point regimber contre ma destinée, et prendre le parti que je prends aujourd’hui, tous les efforts des hommes, toutes leurs épouvantables machines eussent été sur moi sans effet, et ils n’auraient pas plus troubler mon repos par toutes leurs trames, qu’ils ne peuvent le troubler désormais par tous leurs succès ; qu’ils jouissent à leur gré de mon opprobre, ils ne m’empêcheront pas de jouir de mon innocence et d’achever mes jours en paix malgré eux. 42 - Note dans la marge: indifférence.

Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée, où je sois pleinement moi, et à moi sans diversion, sans obstacle, et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu. 45

Mon âme ne s’élance plus qu’avec peine hors de sa caduque enveloppe(...) 45

 J’appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous (...) 46

Qu’ai-je fait ici-bas ? J’étais fait pour vivre, et je meurs sans avoir vécu. 47

La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ; la vieillesse est le temps de la pratiquer. 57

Ils travaillaient pour instruire les autres, mais non pas pour s’éclairer en dedans. 59

Je ne doute point, il est vrai, que les préjugés de l’enfance et les vœux secrets de mon cœur n’aient fait pencher la balance du côté le plus consolant pour moi. 65

Suis-je donc seul sage, seul éclairé parmi les mortels ? Pour croire que les choses sont ainsi suffit-il qu’elles me conviennent ? Puis-je prendre une confiance éclairée en des apparences qui n’ont rien de solide aux yeux du reste des hommes (...) 67

Je me crois sage, et je ne suis que dupe, victime et martyr d’une vaine erreur. 67

Ma seule innocence me soutient dans les malheurs (...) 69

Je perdrais ma propre estime, et je ne gagnerais rien à la place. 69

Note à la fin de la page: Paranoïaque 71

La vérité générale et abstraite est le plus précieux de tous les biens. Sans elle l’homme est aveugle ; elle est l’œil de la raison. C’est par elle que l’homme apprend à se conduire, à être ce qu’il doit être, à faire ce qu’il doit faire, à tendre à sa véritable fin. La vérité particulière et individuelle n’est pas toujours un bien, elle est quelquefois un mal, très souvent une chose indifférente. Les choses qu’il importe à un homme de savoir et dont la connaissance est nécessaire à son bonheur, ne sont peut-être pas en grand nombre, mais en quelque nombre qu’elles soient elles sont un bien qui lui appartient qu’il a droit de réclamer partout où il le trouve, et dont on ne peut le frustrer sans commettre le plus inique de tous les vols, puisqu'elle est de ces biens communs à tous, dont la communication n’en prive point celui qui le donne. 77 - Note dans la marge: «La vérité» 
(...) d’un homme qui s’est dévoué à l’oisiveté. 97

(...) et j’allai me jeter seul dans un bateau 99

Né sensible et bon, portant la pitié jusqu'à la faiblesse. 112

Je suis né le plus confiant des hommes et durant quarante ans entiers jamais cette confiance ne fut trompée une seule fois. 115

Si je suis malheureux ils le sont eux-mêmes, et chaque fois que je rentre en moi je les trouve toujours à plaindre. 116

(...) enfin je m’aime trop moi-même pour pouvoir haïr qui que soit. 116

C’est la force et la liberté qui font les excellents hommes. La faiblesse et l’esclavage n’ont jamais fait que des méchants. 117

(...) ils ne verront jamais à ma place que le Jean Jacques qu’ils se sont fait et qu’ils ont fait selon leur cœur, pour le haïr à leur aise. 118

Tant que j’agis librement je suis bon et je ne fais que du bien (...) 118

Je n’ai jamais cru que la liberté de l’homme consistât à faire ce qu’il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas (...) 119

Les arbres, les arbrisseaux, les plantes sont la parure et le vêtement de la terre. Rien n’est si triste que l’aspect d’une campagne nue et pelée qui n’étale aux yeux que des pierres, du limon et des sables. Mais vivifiée par la nature et revêtue de sa robe de noces au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la terre offre à l’homme dans l’harmonie des trois règnes un spectacle plein de vie, d’intérêt et de charmes, le seul spectacle au monde dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais. 125

Je ne médite, je ne rêve jamais plus délicieusement que quand je m’oublie moi-même. 129

(...) ou comme ils disent, insociable et misanthrope, parce que la plus sauvage solitude me paraît préférable à la société des méchants, qui ne se nourrit que de trahisons et de haine. 129

Elle me fait oublier les persécutions des hommes, leur haine, leur mépris, leurs outrages, et tous les maux dont ils ont payé mon tendre et sincère attachement pour eux. 137

(...) moi, le plus sensible des êtres (...) 143

Je ne m’affecte point du mal que je prévois mais seulement de celui que je sens, et cela le réduit à très peu de choses. 148

(...) moi je ne m’inquiète de rien, quoi qu’il puisse arriver tout m’est indifférent (...) 148

Ce n’est qu’après m’être détaché des passions sociales et de leur triste cortège que je l’ai retrouvée avec tous ses charmes. 151

J’avais mis mes enfants aux Enfants-Trouvés, c’en était assez pour m’avoir travesti en père dénaturé (...) 156

Je ne suis à moi que quand je suis seul, hors de là je suis le jouet de tous ceux qui m’entourent. 165

Je ne vois qu’animosité sur les visages des hommes, et la nature me rit toujours. 165

J’ai remarqué qu’il n’y a que l’Europe seule où l’on vende l’hospitalité. Dans toute l’Asie, on vous loge gratuitement. Je comprends qu’on n’y trouve pas si bien toutes ses aises. Mais n’est-ce rien que de se dire, je suis homme et reçu chez des humains ? C’est l’humanité pure qui me donne le couvert. Les petites privations s’endurent sans peine, quand le cœur est mieux traité que le corps. 168
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