samedi 29 décembre 2018

Sans queues ni têtes - Extrait 1 - Propos décousus

Sans queues ni têtes (Pierre Rousseau, 1974) est une (brève) tentative d'écriture spontanée... et pas très réussie, je dois l'avouer. Voici donc un court extrait de ces propos décousus:


25 juillet 1974
Il ne faut pas que j’arrête d’écrire? Même pour chercher un autre su­jet ou une suite à ce que je dis. Je dois toujours écrire. Je crains cependant que ma main ne se fatigue déjà. Manque d’habitude? Peut-être. Peut-être si j’écrivais à la dactylo cela irait mieux. Mais je trouve que cela fait impersonnel. Tandis qu’à la main, les mots se forment au bout des doigts, graduellement. On n’a pas besoin de tous les former dans la tête avant de les écrire.
Mon dieu, ce que je viens d’écrire n’a pas de sens. Je ne suis pas habitué à penser vite. Je bafouille, j’écris de plus en plus mal. Vais-je abandonner de fatigue? D'épuisement mental? Ou à court d’idées?
La flamme brûle toujours, et elle brûlera sûrement encore lorsque j’aurai fini d’écrire. Une limite dans le temps. Sa vie fera plus longtemps que mon désir d’écrire. Son énergie est plus soutenue. Et pourquoi moi je ne pourrais pas faire pareil? Hein? Je suis un hom­me, un être humain, un être vivant. Et cette chandelle est inerte. Oui? Elle semble pourtant vivante. Elle fait partie de mon univers et je la possède oui oui oui non.
Je suis fou, je le sens. Les enfants crient dehors. Madame C. marche en haut. C’est mon univers, nous sommes tous UNI VERS. La cuisine est petite et la flamme tressaute de joie ou de crainte. 
Je suis seul dans ce cachot nauséabond. Les murs suintent de la morve verte. Cancer spatial qui ne finit pas de m'écœurer. Une porte qui claque et un rêve qui fuit comme un orgelet. Bon débarras.
Je suis monté (en haut) chercher la dactylo. (J’avais trop mal à la main). Madame C. m’a ouvert la porte, surprise, semble-t-il. Je n’ai rien dit, pas le goût. J’ai pris la dactylo lourde. « Fait-il frais en bas? » « Oui, on est bien. » Je suis descendu. La flamme était toujours là, m’attendant dans son univers. Avec la dactylo, je fais beaucoup d’erreurs de frappe. Mais ce n’est pas grave, ce qui compte un deux trois c’est l’idée que je fais trépassé dans mon écrit. Et j’ai vaguement l’impression que les idées ici présentes, levez vos mains, ne sont pas bien ben bain précises.
D'ailleurs, comme je me disais justement il y a quelques espaces temps d’ici, la cuisine est petite et la flamme tressaute de joie semble- t-il vaguement b. mon esprit surchauffé par un vague désespoir de ne pas trouver la planète HjTT 8 que m’a gracieusement offert la compagnie Kellogg en prime dans sa fichue boite de céréales molles dans un coke déshydraté que nous avons lugubrement manger sur le mont Albert par une belle journée près du vieux rocher blanc qu’elle m’avait offert en cadeau il y a 2552 ans de cela alors que j’étais très jeune.
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1 commentaire:

  1. C'est bien ce texte. Mais je ne pense pas que ce soit de l'écriture automatique, comme Claude Gauvreau par exemple.

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