samedi 5 janvier 2019

Les mains ravisseuses - Épilogue

Après avoir été maintes fois refusé par les éditeurs (en 2001 et 2002)*, j'ai relu mon manuscrit Les mains ravisseuses. J'ai écris ce texte le 7 janvier 2003:
Je me force à écrire, comme je me contrains à être heureux. Pas que je sois malheureux quand je n’écris pas, c’est plutôt une absence de plénitude, comme un anxieux qui, voulant viscéralement parler, se tait.
Écrire n’est pas facile. Il y a des pièges. Parfois, je m’abuse moi-même en prenant un «­si» pour un adverbe d’affirmation, alors que j’introduis une principale au conditionnel. «Si je voulais…»
Mais, qu’est-ce que je veux vraiment ? Je ne suis pas un bâtisseur de cathédrales, encore moins un faiseur de miracles. Je n’en ai pas l’envergure.
Les lettres sont si petites. Écrire le mot «cathédrale» n’aura jamais l’ampleur des gestes des charpentiers et des maçons ; le mot «larme» ne goûtera jamais le sel ; le mot «main» n’a jamais touché mon front.
Heureusement, il y a des prodiges : je peux écrire le mot «été» et être sous la neige, écrire le mot «soleil» et être sous la pluie. Mais, jamais je ne pourrai écrire le mot «ici» et être ailleurs, encore moins écrire le mot «mort»... et l’être. 
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