jeudi 28 février 2019

Photographie - Regard sur la terre des hommes à l'Expo 67

Doté d'un passeport en règle, j'ai visité 94 fois l'Expo 67... en 1967, à Montréal. L'Exposition internationale de photographie / Regard sur la terre des hommes m'avait particulièrement enthousiasmé.

Les 500 photographies (en noir et blanc) qui formaient cette exposition ont été prises dans 81 pays ou régions par 272 photographes habitant 49 pays.

J'avais acheté l'album souvenir, que j'ai feuilleté maintes fois. Les photographies sont classées par thèmes.

L'Exposition internationale de Photographie / Regards sur la terre des hommes
International Exhibition of Photography / The Camera as Witness, 1967.

Voici une sélection de neuf photographies que j'affectionne plus particulièrement et que j'avais mis sur mon premier site Web personnel, en 1998:

 71 - Dans la rue - Brian Seed - Time-Life Book (c) 1964

 193 - La vieillesse - Cornell Capa - Magnum-Life

 369 - Les enfants - Karin Gozzano

 438 - L'école - Bruce Roberts - Rapho Guillumette

 481 - L'amitié - Myron Wood

 483 - L'amitié - Roger Mayne

 485 - L'affection - Martin Martincek

 494 - L'affection - Samuel Potnam - Havard University

500 - L'affection - Farrell Grehan

Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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mercredi 27 février 2019

Politique - Une note du SPUQ

Voici une note datant du 5 octobre 1990 du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ) trouvée dans un livre de ma bibliothèque presque 30 ans plus tard.


Photo: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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mardi 26 février 2019

Biographies et vécu - Collection de tortues

Le premier avril 1979, je note dans mon journal:
1er avril 1979 - Haute curiosité, Maurice Rheims


Haute Curiosité, Robert Laffont, 1979

La lecture de ce livre emprunté à la bibliothèque de quartier m'a donné le goût de collectionner «quelque chose», juste pour essayer. J'ai choisi les «tortues», facile à trouver, sûrement trop, car une amie m'a dit: «Tu aurais dû choisir les tatous, comme moi, un véritable défi.»

Donc des tortues, sous toutes leurs représentations: matériaux (cristal, bois, céramique, corne de vache, hématite, etc.), lieux d'origine (Kenya, Chili, États-Unis, Québec, France, etc.) et de toutes provenances: achats, cadeaux, trouvailles, souvenirs de voyage de parents et amis, etc. Certaines étaient très belles, d'autres ne valaient pas cher. Ce fut somme tout intéressant. J'ai aimé l'expérience. Mais il faut de l'argent, beaucoup d'argent pour acquérir la «rareté».

Céramique - 7,6 x 5,5 x 2,5 cm - 59,47 g

Bois - 5,3 x 5,0 x 2,0 cm - 9,22 g

Céramique - 6,5 x 5,0 x 4,0 cm - 79,78 g

Étain - 5,7 x 4,2 x 2,4 cm - 174,33 g

Hématite - 3,2 x 2,2 x 1,0 cm - 11,45 g

Bois - 10,7 x 9,3 x 2,6 cm - 49,30 g

Aujourd'hui, je collectionne les minéraux (cristaux) que je cueille moi-même sur le terrain; donc la matière première ne coûte rien. Au-delà de l'étonnement de découvrir au hasard ces beautés de la nature, ce sont de valorisantes trouvailles. Voire une fierté personnelle.

Voir mon blogue: Minéraux du Québec
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Quatrième de couverture de Haute curiosité:

«Trente-cinq ans à l'Hôtel des Ventes, le marteau d'ivoire à la main. On imagine ce que représente pour l'auteur, la mise en vente d'environ 200 objets par jour. Trente-cinq années pendant lesquelles les objets les plus divers ont défilé sous les yeux de Maurice Rheims : du planétarium du Palais de la Découverte au chapeau que l'Empereur portait à Wagram, du manuscrit du "Rouge et le Noir" à la pouliche qui gagna le Prix de Diane, du couperet qui trancha le cou de Louis XVI au testament de Louis XIV. Sans compter les Rembrandt, les Goya et les Renoir. Tant de choses dont l'auteur scella pour un instant le destin. Fort de son expérience, Maurice Rheims démontre combien sont ambigus et fascinants les rapports que l'homme entretient avec les objets d'art, rapports où l'on trouve, mêlés, passion pour la beauté et désir de briller, car pour un grand nombre, la possession de choses belles était devenue aujourd'hui l'équivalent d'un titre de noblesse. Posséder des objets, c'est un peu caresser la main de l'artiste qui les fabriqua, de Vinci, de Cellini, de Delacroix, c'est s'enorgueillir de partager les passions du Romain Verrès, de Mazarin, de Louis XIV ou de l'Empereur, c'est entrer en compétition avec les majors de la planète, les Getty, les Gulbenkian, les Niarchos, les Rothschild.

Mais Haute curiosité n'est pas seulement le témoignage à  ce jour le plus extraordinaire sur le monde et le demi-monde de l'art, c'est aussi et surtout une grande fresque autobiographique où défile toute notre époque: un homme épris de beauté et de culture traverse, sans y être passif et sans en être victime, une des périodes les plus dramatiques de l'Histoire.»

Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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lundi 25 février 2019

Musées - Musée du Château Ramezay

Bulletin du Musée du Château Ramezay La lettre de Ramezay (Automne 2004)

Une belle publication, 4 pages (2 en français, 2 en anglais).




Avec une bibliographie de circonstance:



Photos: Pierre Rousseau - © 2019
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dimanche 24 février 2019

Revues et magazines - Les Saisons littéraires

Le 8 octobre 1996, lancement à la librairie Guérin (rue Saint-Denis, Montréal) des Saisons littéraires, Équinoxe d’automne.

J'avais officiellement été invité à ce lancement alors que je n'avais aucun texte figurant dans ce numéro...

Pierre Rousseau en grande conversation avec Marguerite Paulin

Photo: s/n - © 1996
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samedi 23 février 2019

Travail et société - Les travaillants

Télé-radiomonde, dimanche 12 septembre 1982
«[...] Mariette Duval se prépare à faire son entrée à Radio-Québec dans une série intitulée “ Mouvement Ouvrier ”. Cette série, réalisée par Jean-Pierre Morin, portera, on l’aura deviné, sur les travailleurs. Il se peut que le titre de l'émission change pour devenir “ Les Travaillants ”. À Radio-Québec, on nous a informés que cette série de 13 émissions sera présentée à la grille de janvier et février 1983.»

Télé-radiomonde, dimanche 18 septembre 1983
«Les Travaillants» est une série de 13 documentaires romancés qui recréent l’histoire des ouvriers québécois. En général, les Québécois connaissent peu leur histoire, car s'ils en ont appris des dates et des grands événements à l’école, la vie quotidienne a été rejetée dans l’ombre. Cette série privilégie le point de vue des ouvriers en retraçant comment le peuple a vécu et a réagi face aux changements survenus dans notre société: les grands déplacements de la campagne à la ville, les conditions de travail dans les manufactures, les chantiers, les mines, la disparition ou la transformation de nombreux métiers. C'est l’histoire de la condition de la femme cantonnée à un rôle de servante, de mère de famille, d'institutrice, d’infirmière, etc. Mais c’est aussi l'histoire de gens qui s’organisent pour améliorer leur sort, pour faire reconnaître leurs droits et se faire respecter.»
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Voici le 45 tours Les travaillants, produit par Radio Québec (1983)

Face A - 2'40"


Richard Leroux
(R. Leroux - J. Sauvageau)
L'autre télévision - Radio Québec 1983


Paroles 
(répétées six fois; roulements de tambour au début) 

Jamais en nous ne s'éteindra 
Ni l'espoir ni la ferveur 
Hier nous a vu forts mais seuls 
Demain saura nous voir ensemble 
Qu'importe le travail à finir 
Si un jour on entend notre chant

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FACE B - 1'05" et 1'07"


Musique de Jean Sauvageau
L'autre télévision - Radio Québec 1983


Deux morceaux de musique électronique


Photos: Pierre Rousseau - © 2019
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jeudi 21 février 2019

Bandes dessinées - Kid Paddle

J'adore Kid Paddle et ces albums délirants, voire démentiels.

Voici 3 titres: Jeux de vilains, Apocalypse boy et Le retour de la momie qui pue, qui tue (ce dernier titre est, à lui seul, hilarant):




Ci-dessous un objet promotionnel (2005): un CD-ROM (fonctionnel) pour Mac et PC, le «Blork Donjon».


Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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mardi 19 février 2019

Informatique - La compagnie Dashman (1970)

Info 401 Groupe 103 - Travail pratique, remis le 23 septembre 1970

«La compagnie Dashman: Trouver la solution idéale aux problèmes de gestion»

Note: 70 %

Commentaire du professeur: Excellente présentation ! et Vous êtes radical !





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lundi 18 février 2019

Chansons - Dans la main d'un magicien

Voici le 45 tours, sur TBS (5562), de la chanson Dans la main d'un magicien (1985), chantée par Céline Dion.





Face A.

Durée: 3:00m


Tiré de la bande sonore du film «Opération beurre de Pinottes» T.B.S. 506

Produit par Lewis Furey pour Les Éditions La Fête Inc.

Coordination: Michel Zgarka

Éditeurs: Les Éditions La Fête Inc.

Libec
Mia Musica
Lewis Furey
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DANS LA MAIN D'UN MAGICIEN
(Lewis Furey / Eddy Marnay)

Dans la main
D'un magicien
Et des bing bang
Des ding dang
Et des abracadabra
Dans la main
D'un magicien
Des rêves
Se lèvent
Des rêves en cinérama
Roule
Carabosse
Roulent
Des carrosses
Oh, Oh
Tant de merveilles
Dans la main
D'un magicien
Dans la main
D'un magicien
Et des flic flac
Des tric trac
Des truc
Qui vous croquent et vous craquent
Dans la main
D'un magicien
Et des bing bong
Des ping pong
Et un enfant de Hong Kong
Roule
Carabosse
Roulent
Des carrosses
Oh, Oh
La vie est belle
Dans la main
D'un magicien
Des jets d'eau
Des cerceaux
Des pinceaux
Des trèfles et des oiseaux
Bilingues
Et bling et blang
Flish flash bang
Et tring et trang
Roule
Carabosse
Roulent
Des carrosses
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FACE B

CUE 17 à Instrumental (Lewis Furey)
Instrumental 

Tiré de la bande sonore du film «Opération beurre de Pinottes» T.B.S. 506

Produit par Lewis Furey pour Les Éditions La Fête Inc.

Coordination: Michel Zgarka

Éditeurs: Les Éditions La Fête Inc. (C.A.P.A.C) / Lewis Furey (S.A.C.E.M.)

Distribué par Trans Canada Disques, une division de Groupe Québécor inc. 7033, Trans-Canadienne, St-Laurent, Qué.


Photos: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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dimanche 17 février 2019

Poésie - Gilles Vigneault

Quelques mots écrits par Gilles Vigneault,
dans Châtelaine (Août 1988), pour «Le retour du poète»


Photo: Pierre Rousseau - © 2019
Archives Pierre Rousseau
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samedi 16 février 2019

Littérature Jeunesse - Bob Morane au Palais du commerce

Le 5 avril 1964, j'écrivais dans mon journal:
Été au Palais du commerce. Henri Verne(sic)*. Acheté 2 Bob Morane. Écouté un film Bob Morane. Debout.
C'était le 6e Salon du livre et Henri Vernes, père de mon héros préféré, y dédicaçait ses livres, lors de sa première visite au Québec. Ils furent plus de quinze mille à se faire dédicacer, de la main d’Henri Vernes, la nouveauté du mois: Mission à Orly.

Le film, c'était probablement Le club des longs couteaux, première aventure filmée de Bob Morane.

* J'ai encore aujourd'hui de la difficulté à me souvenir quel Verne (Henri ou Jules) prend un «s».

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Extrait de:

L’épopée des Éditions Marabout au Québec (1951-1973), par Jacques Hellemans. Volume 59, Number 4, October–December 2013

Henri Vernes, alias Bob Morane
«Dimitri Kasan vise à faire découvrir à 10 millions de lecteurs — Bob Morane est traduit en plus de neuf langues — le Québec des bâtisseurs. C’est ainsi que le 1er avril 1964, il accueille Henri Vernes à l’aéroport de Dorval. La visite de l’auteur coïncide avec la tenue, au Palais du commerce de Montréal, du 6e Salon du livre, ce qui lui permet d’y dédicacer ses ouvrages. C’est la première fois que le père de Bob Morane rend visite à ses lecteurs canadiens, qui l’accueillent quasiment comme un héros national. Selon la presse de l’époque, « c’est le délire ! » Jamais aucun écrivain n’a recueilli un tel succès. (...) Toutes les commissions scolaires de Québec, Montréal et Ottawa accordent pour l’occasion un congé aux étudiants.»


Le Palais du commerce dans les années 1960,
qui abritera par la suite Le Taz et le Marché du livre.


La Grande bibliothèque (BANQ) remplaca le Palais du commerce après sa démolition.
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vendredi 15 février 2019

Dictionnaires - Le dictionnaire anglais-québécois

Courriel (Subject: Dictionary) qu'un chef de service chez Bombardier/Aerospace faisait circuler parmi les employés, il y a plusieurs années.


Photo: Pierre Rousseau - © 2019
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jeudi 14 février 2019

Poésie - Sur le dos de la nuit

Extrait de: Sur le dos de la nuit (Pierre Rousseau, 2005)

Nœuds de cristal

Heureux,
Nous rachetons à vil prix
La brillance des nuits noires,
Hachures racines
Dans le creux de nos cous,
Jarretelles autour des nues
Enflammées d’astres.

Heureux,
Nous cisaillons le plomb
Des lourdes neiges,
Bataillons loufoques
Dans l’immensité de l’univers.

Heureux,
Nous nacrons le fer des rais-de-cœur
En jaspe sanguin
Dans la clarté des regards
Des milles et une nuit.

Heureux,
Nous soufflons sur le ventre
De l’enfant blond
Qui rie aux éclats
Sur l’édredon de feuillage
D’automne bronze.

Alors que les nœuds de cristal
     Se
     Défont
     Dans
     La
     Chaleur
     Des
     Jaspes
     Noirs,
Sur le rebord des fenêtres,
Nous respirons les corps parfums
De la nuit maternante.
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mercredi 13 février 2019

Conte - La petite cloche

« La petite cloche », par Pierre Rousseau, conte de Noël, paru dans Le Quotidien (Chicoutimi), samedi 29 décembre 1979.


Photo: Pierre Rousseau - © 2018
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mardi 12 février 2019

Littérature française - Le temple, de Lamartine

Travail pratique de littérature française présenté à Mlle Lepage, le 4 décembre 1968, au Collège de Maisonneuve : Le temple, Premières méditations d'Alphonse de Lamartine.

D+

Vues générales de l'enseignante: interprétation insuffisante, hors sujet, trop «délayé».








Photos: Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau
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lundi 11 février 2019

Personnellement - En 1966, à la télévision...

Janvier 1966 –  À la télévision, c'était :

« I dream of Jenny », 
« Cré Basile »,
« La vie qui bat », 
« Lost in space », 
« Les hommes volants », 
« Walt Disney », 
« Ma sorcière bien-aimée », 
« Voyage to the bottom of the sea », 
« Atomes et galaxies », 
« Destination danger », 
« Batman », 
« Le Saint », 
« Star Trek », 
« Escadrille sous marine », 
« Route 66 », 
« Fusée XL-5 », 
« The time tunnel », 
« Les sentinelles de l’air »...
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dimanche 10 février 2019

Simulacres - Chapitre 2 - La momie

Voici le deuxième chapitre de Simulacres (Pierre Rousseau, 1995; ancien tire Dague)

02 La momie

Après avoir fait une incision le long du flanc, Hilaire Daumal enleva le cœur et les autres viscères: foie, poumons, estomac, intestins, rate, reins, utérus. Cela lui fit penser qu'enfant, il aimait regarder son oncle charcuter les animaux en extirpant des entrailles les boyaux, les tripes et les abats.

Lentement, il tirait les morceaux du corps en les nommant, comme s'il tirait les mots eux-mêmes. Car, même s'il ne savait ni lire ni écrire, il savait nommer les choses, éléments indispensables aux transactions orales qu'il avait faites pendant des années, réussissant par la parole à transiger de grosses sommes d'argent. Tout ce qu'il avait eu à apprendre, c'était le dessin de sa signature.

Ensuite, il fit l'ablation du cerveau en l'extirpant de la boîte crânienne par les narines, se demandant d'ailleurs pourquoi il procédait de cette manière. À défaut de respecter une certaine culture ancienne, peut-être voulait-il conserver à la tête sa forme intégrale. Mais il perdait ainsi du temps, et le temps devenait un prérequis à sa survie. Il ne devait laisser aucune émotion faire trembler ses mains, ou ralentir son rythme.

L'odeur était écœurante, voire insupportable, mais ces émanations volatiles des chairs mortes mises subitement en contact avec l'air de cette pièce fermée ne le dérangeaient pas. Il manipulait les organes sans se préoccuper des vapeurs qui émanaient du corps entrouvert étendu sur la table.

Au retour des locataires participant à un voyage organisé, l'odeur aurait disparu, aidée en cela par un encens spécial qu'il faisait brûler nuit et jour. Il entendit son fils vomir dans la salle de bain, pour la dixième fois sûrement. Mais il lui imposait la vue du cadavre pour bien lui démontrer, et surtout lui faire comprendre, que le corps, si humain soit-il, n'était qu'un magma de chairs immondes et grotesques, sans aucune beauté.

Il aimait son fils, d'une certaine façon, et malgré le fait qu'il soit à demi paralysé du côté gauche, ce qui ne l'avait pas empêché, contre toute attente, de devenir un excellent charpentier, métier qu'il avait appris en prison.

Mais en ce qui regardait sa femme étendue devant lui dans sa nudité intérieure, il ne l'avait jamais aimée. Ni en tant que femme, ni en tant qu'épouse, ni en tant que mère de ses enfants. C'était cependant une femme d'une grande beauté, mais dont l'embonpoint alourdissait le corps et le regard. Née à An-Ahkro-Nîs, un petit village - une oasis - dans le désert de Libye, elle passa son enfance à folâtrer dans la douce oisiveté que lui permettait le prestige - c'est à dire l'argent - que son père retirait de ces gigantesques négoces à travers les déserts de l'Afrique du Nord. Mais le modernisme chassa l'archaïsme des moyens de transport et, par ce fait, accéléra la ruine de cette famille qu'on qualifiait jusqu'alors de «princière».

Mais lorsque Hilaire Daumal arriva dans ce village, en quête d'objets exotiques, et tel un heureux sort, il fit miroiter les beautés et les richesses d'un grand pays devant les yeux alanguis de cette petite fille qui n'était jamais sortie de son village. Les parents ne s'objectèrent pas au mariage, y voyant une occasion d'émigrer et de fuir l'ostracisme apporté par leur déchéance. Mais d'heureux, le sort devint mauvais, et le malheur déchira les sens et l'âme de la jeune femme, et la fit devenir la caricature d'une société dans laquelle elle ne s'intégra jamais. 

Et tout un chacun s'ingénia à scruter cette étrangère. Madame Daumal ne se levait jamais pour faire le déjeuner à ses enfants. Se coucher tard, être paresseuse et désordonnée, c'était ce que le destin réservait à cette femme qu'une fatalité biscornue avait rendue alcoolique. Mais pas question -officiellement - de lui en vouloir, ou de la condamner: chacun, à cette époque, visait la propagation de la foi chrétienne, et nul n'était accrédité à démêler chez autrui les profondeurs des sentiments et des émotions, ni à définir strictement les rôles de mère et d'épouse pour en graduer les mérites à son bon vouloir. Tous, sauf son mari bien sûr.

Mais chacun s'avouait à lui-même, et aux autres parfois, que Madame Daumal était digne de figurer dans les annales de l'enfer. À y regarder de plus près, et pour qui le désirait, elle s'adonnait aux sept péchés capitaux mis en évidence dans le Petit Catéchisme. 

L'orgueil, évidemment, pour cette femme issue de la petite bourgeoisie, très relative cependant, habituée à gagner sur tout, consciente de sa valeur - de souche - et de l'importance du fait même de son existence; pointant parfois vers l'arrogance, cet orgueil pouvait ressembler à de la fierté, mais sûrement pas à de l'estime de soi. 

L'avarice, sans aucun doute: il n'y avait qu'à regarder les sous noirs qu'elle accumulait en petites piles bien rangées sur sa table de chevet, et qu'elle tronquait d'un sou ou deux lorsque ses enfants insistaient pour en obtenir, les donnant chichement, sans générosité, comme une obligation; elle poussait même cette avarice jusque dans les gestes de sa vie quotidienne, ceux d'épouse et de mère.

L'impureté aussi, parce qu'elle aimait se caresser en se lavant, bien timidement cependant, n'osant jamais aller jusqu'au bout; elle avait un jour regardé, brièvement et en cachette, un journal jaune montrant un couple faisant l'amour par en arrière - par où sortent les déchets du corps - et cela lui avait plu d'imaginer recevoir elle-même cette délectation charnelle.

L'envie lui permettait de jeter son dépit sur le bonheur des autres, sur leur chance, sur les faveurs qu'ils obtenaient, sans les avoir mérités bien sûr; elle s'offusquait des avantages que les gens exploitaient effrontément sous ses yeux, pour le faire exprès et la faire rager de haine.

Il suffisait de constater son embonpoint pour croire à son péché de gourmandise; elle transportait aisément toute cette mauvaise graisse, et sans mauvaise grâce, faisant fi de la beauté du corps et de l'équilibre des formes.

La colère? Ses enfants la connaissaient, eux qui gardaient longtemps en mémoire, et sur le visage, les dernières taloches reçues; le fracas des objets brisés, entre autres les assiettes qui ne coûtaient pas cher, résonnait encore loin dans leur tête.

La paresse évidente: elle ne se levait jamais le matin pour préparer le déjeuner à ses enfants, comme le faisaient les mères du quartier.

Mais toutes ces fautes, commises sans méchanceté, n'étaient pas issues de sa nature profonde, mais de l'édification de sa personnalité malléable modelée par des expériences vécues et imposées. Le seul mal qu'elle faisait en fait, c'était de se détruire elle-même. Sauf bien sûr en ce qui concernait les taloches, mais cela, plusieurs autres mères utilisaient ce reliquat du siècle passé où la fessée administrée par le père, et les taloches de la mère, replaçaient les enfants dans les ornières du droit chemin.

Par contre, elle en voulait à son mari pour l'avoir entraînée dans une vie misérable, économiquement et culturellement, car le pauvre homme ne savait qu'enrichir les autres, n'obtenant qu'un indécent pourcentage sur ses ventes. Il voyageait beaucoup, et c'était cela qu'il désirait en fait; mais il lui avoua qu'il avait parfois hâte de revenir pour lui dégueuler sa rancœur.

Elle savait bien que cette agressivité venait du fait qu'elle se refusait à lui le plus souvent possible, ne faisant jamais le premier pas, et trouvant mille excuses irréfutables. Elle le tenait ainsi à distance jusqu'au moment où elle sentait qu'il allait éclater, elle ne savait pas comment, n'étant jamais allé jusqu'au bout de sa cruauté. Elle se prêtait à lui le temps d'une éjaculation. Elle lui avait même une fois offert la fellation, plus pour sentir dans sa bouche la forme du membre que pour le contenter; mais elle n'avait pas apprécié recevoir le liquide amer dans sa bouche, comme un affront. Peu lui importait en fait qu'il voit d'autres femmes, car elle désirait s'exclure de cette obligation maritale que toute femme devait, comme un dû, à son époux.

Elle aimait ses enfants, bien sûr, trouvant sa fille belle et intelligente, et son garçon débrouillard. Mais tout s'arrêtait là. Ils n'étaient que des figurants sur la scène de sa vie, l'influençant certes, mais dans la limite de sa patience et de sa tolérance. En cas contraire, elle remettait de l'ordre.

Hilaire Daumal se moucha, ce qu'il faisait fréquemment, et cela depuis son enfance; et chacun pouvait jurer de l'avoir vu au moins une fois avec un mouchoir, puisqu'il ne se cachait jamais pour le faire, que ce soit à la table au dîner, ou dans le lit avant de baiser. Mais ce nez ne sentait presque plus les odeurs, comme s'il était usé par les curetages répétés. Pour que les odeurs présentes dans la pièce l'atteignent et titillent son cerveau, il fallait qu'elles soient fortes et dures, et non habituelles. Il pensa à respirer par la bouche, mais cela lui aurait donné cette impression de faire oeuvre de nécrophagie, comme quoi l'humain restait encore fragile à l'idée de consommer, ne fusse qu'en vapeur, le corps d'un de ses congénères.

D'ailleurs, ce même nez lui avait fait découvrir - au sens figuré comme au sens propre - de belles femmes qu'il s'était empressé de séduire lors de ses nombreux voyages, pour ensuite les abandonner dans un coup de mouchoir mouillé de larmes. Personne ne connaissait vraiment ses allées et venues, car, ne manquant pas de discernement ou de prévoyance, il savait camoufler une partie de ses revenus dans le but inavoué de se payer, presque sur commande, des plaisirs charnels et sexuels, et des beuveries gigantesques avec de parfaits inconnus.

Il prit le cœur - ce viscère musculaire avec ses oreillettes, ses valvules et ses ventricules - dans ses mains quelques secondes pour tenter de visualiser dans des émotions ou des fibres quelconques qui l'auraient malgré tout ému. Mais il resta insensible. Il prit le couteau pour couper ce cœur en deux, comme on coupe une pomme, mais sans s'y résoudre pourtant. Peut-être y aurait-il vu des soupirs, des tressaillements de joies ou d'espoir, de la rage de vivre ou du chagrin. Il pouvait faire, ici et maintenant, tous les gestes réels et concrets qui briseraient ce symbole de la vie: l'arracher, le crever, le fendre, et peut-être faire jaillir un cri de ce cœur. Il ne fit rien, préférant laisser la pourriture anéantir le tout.

Une chose le rassurait cependant dans son athéisme: il était certain de ne pas y trouver une âme.

En ce qui regardait le cerveau, il ne s'y attarda guère, étant peu préoccupé par l'esprit ou l'intelligence. Il avait cloisonné son cerveau pour répondre à ses attentes, les autres facettes du raisonnement ne lui importaient pas.

Mais son fils changea d'attitude devant le cadavre fraîchement décervelé. À la vue de ce siège des facultés intellectuelles, il écarquilla les yeux, et parvint même, à l'aide d'un effort qui parut surhumain, à toucher le magma de matière molle du bout des doigts, pour s'éloigner ensuite, brusquement, avec le visage impassible de celui qu'une effroyable vérité venait d'anéantir.

Hilaire Daumal disposa des «restes» dans des sacs qu'il irait jeter lui-même dans le dépotoir municipal, évitant ainsi que des chiens, attirés par les odeurs de chairs, n'éparpillent les morceaux sur la rue. Il se débarrassa du sang dans l'évier en regardant le liquide s'engouffrer dans l'ouverture en formant un hallucinant vortex rouge.

Puis il bourra le corps tout entier avec une mixture à base de bitume.

Il mit ensuite le corps à déshydrater dans une boîte spécialement conçue: un système de ventilation introduisait de l'air chauffé par un élément électrique du côté de la tête, tandis qu'un petit moteur aspirait ce même air vers les pieds, repoussant toute cette humidité charnelle dans le renvoi sous l'évier. Dans une semaine, de cet amas de chair et d'eau, il ne resterait que la peau, les cartilages, et les os.

Pendant ces journées, il se berça devant la boîte, les yeux hagards comme quelqu'un s'impatientant d'une trop longue attente, anxieux de passer à une autre étape cruciale.

Pour lui, le corps humain - et tout corps animal en général - se limitait à une masse d'os, de muscles, de chair et de cartilages, et à une foule d'organes aux formes laides et capricieuses. Rien là-dedans qu'il ne put aimer dès que le morceau de chair était sorti de son contexte corporel, comme un doigt coupé et posé au milieu d'une table lors d'un dîner ne manquerait pas de susciter un mouvement de répulsion.

Mais en tant que première perception du monde, le corps restait le point d'attache de l'existence terrestre. Et c'est lui que les hommes quittaient en dernier avant qu'il ne soit ingéré par la mort cellulaire et moléculaire. Bien sûr, le nourrisson ne voyait pas son corps, mais le sentait présent dans l'espace restreint de son champ de perception. C'est pour cela qu'il s'effrayait de la lumière éteinte brusquement, ayant alors cette impression terrible de tomber dans un vide noir, sans parois sur lesquelles ses petites mains pourraient s'accrocher, ou du moins toucher, afin de «voir» dans quelle direction son corps abandonné basculait.

Lorsqu'il ouvrit la boîte à la fin de la période d'attente, Hilaire Daumal eut malgré lui un frisson. Le cadavre était devenu subitement une vieille femme, et même plus, une femme qu'une maladie dégénérative avait vidée de toutes ses chairs et de tous ses muscles, pour ne laisser qu'une peau se moulant étroitement aux os, aux mâchoires, aux dents, tentant de s'introduire dans toutes les ouvertures, et surtout dans les cavités de l'entrejambe. 

Il pensa au film «Le cauchemar de Dracula», plus précisément à cette scène où la femme-vampire vieillissait instantanément après qu'un pieu eut été enfoncé dans sa poitrine. Si le ventre n'avait pas été bourré, il était certain que la peau se serait collée sur les vertèbres. Il constata qu'il aurait du mal à faire le bandelettage sans rien briser et décida, contrairement à son intention, de ne pas vider le corps pour le bourrer avec un nouveau mélange à base de bitume et de sciure de bois.

Il aurait pu briser ce squelette en petits morceaux pour le jeter aux vidanges tout simplement, ou le réduire en poudre et le conserver dans un bocal. Mais tel son désir, le cadavre garderait une apparence humaine.

Il enleva la boîte sans avoir à sortir le corps, le fond restant sur la table. Il se félicita de cette idée, ayant la certitude de l'effritement du cadavre s'il avait tenté de le bouger. Il mit un grand soin au bandelettage, en commençant par les doigts, les mains et les pieds, enveloppant le tout avec des bandelettes de lin très fines. Puis il emmaillota tout le corps avec des bandelettes plus larges, le recouvrant entièrement. Il fit en trois jours ce qui normalement devait prendre quinze jours, du moins pour parvenir à un ouvrage parfait. Mais ce qu'il désirait, c'était que le corps garde plus ou moins sa forme pendant quelques années, et surtout qu'aucune odeur ne s'en émane. Il ne voulait pas faire un chef-d'oeuvre de ce cadavre - il appelait à dessein «cadavre» ce corps mort, et non pas «dépouille» cette femme qu'il avait toujours considérée comme un animal, même lorsqu'il lui faisait l'amour.

De voir cette momie étendue sur la table, et ressemblant à un squelette habillé d'une peau jaunâtre, mais avec un visage pas tout à fait méconnaissable, Hilaire Daumal fut fier de son oeuvre, du moins visuellement, car il ne pouvait garantir l'absence de toute odeur dans un avenir lointain. Et il se dit que sa femme serait avec lui pour longtemps encore, mais dans un tel état de laideur qu'il n'aurait plus besoin de mots pour lui témoigner sa haine. 

Son fils Amaël avait regardé la scène, jour après jour, se révoltant de la nudité de sa mère ainsi étendue sur la table, mais ne pouvant détourner son regard, non par crainte de la réaction de son père qui le lui imposait, mais parce qu'il voulait savoir ce que sa mère deviendrait, à quoi ressemblerait son nouveau corps, afin de la reconnaître dans un autre monde, tel qu'il concevait l'au-delà de la mort, sans savoir que, déjà, il la frôlait de ses membres et la caressait de ses cheveux, jouissant des milliards de molécules libérées dans l'air de la pièce.

La radio que son père allumait tous les jours afin, peut-être, de ne pas entendre les gargouillements des liquides s'agitant dans le corps éventré, ou les craquements de la peau desséchée, ou les hurlements inaudibles de la morte, jouait, en cette dernière journée, juste avant la mise au tombeau, la chanson d'Edgar Joyal: «L'amour infini».

Et Amaël eut subitement peur de la mort.
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