mercredi 31 octobre 2018

Créatitude - Les besoins

En 2003, j'écrivais dans Créatitude :

«Je suis constamment dans un état de besoin: besoin de boire, de manger, de dormir; besoin de connaître, de savoir; besoin d'érotisme ou d'amour; besoin d'évasion; besoin d'uriner ou de déféquer; besoin de regarder ou d'entendre; besoin d'argent. Je juge de la pertinence d'en combler un au détriment d'un autre. Le vide ainsi formé crée le besoin de le remplir. La vie est un grand vide à combler.» (Créatitude, Pierre Rousseau, 2003)

Rivera, Diego (1886-1957).
Illustrations for the Popol Vuh, 1930-1931.

La première phrase, avec ses nombreuses propositions, démontre bien qu'un besoin est une exigence, une envie interne née de la nature, ou de la vie sociale. Il peut être impérieux, urgent. C'est souvent un état d’insatisfaction. Les besoins sont considérés comme étant nécessaires à l’existence, la vie quotidienne. Ils sont petits ou grands.

La deuxième phrase - «Je juge de la pertinence d'en combler un au détriment d'un autre» - est limpide quant à son sens.

La troisième phrase - «Le vide ainsi formé crée le besoin de le remplir» - est plus difficile à cerner. Probablement avais-je compris alors qu'ainsi s'échafaude la complexité de la vie.



La quatrième phrase - «La vie est un grand vide à combler» - parle d'elle-même.


Sources: WEB

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mardi 30 octobre 2018

Fouilles - Friedlander

En (1990?), j'écrivais dans Fouilles :

«Certaines personnes pourtant bien vivantes sont comme ces reflets dans les vitrines de Friedlander : des présences éphémères, floues, impalpables. Des fantômes. Elles n’ont même pas besoin de fuir, elles sont moins que des ombres. Il y a des lieux et des gens sans épaisseur, comme la gentillesse excessive.» 






Le mot « gentillesse » étant pris ici dans le sens de délicatesse, la qualité de ce qui est délicat, c'est-à-dire fragile.
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Lee Friedlander, né le 14 juillet 1934 à Aberdeen, aux États-Unis, est un photographe américain.

Sources: WEB


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lundi 29 octobre 2018

Politique - Les dix commandements de la Guesdrapo

En (1970) paraissait à Montréal cette affiche fortement contestataire:


Photo : Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau

Les dix commandements de la Guesdrapo:

1. Un seul Maire tu subiras et servira par fouettement.

2. Manifestations point ne toléreras, ni autres réunions pareillement.

3. Une fois l'an, en octobre, tu te souviendras de Parthenais.

4. Pègre et Maire tu honoreras afin de survivre longuement.

5. Tu ne matraqueras point (facultatif).

6. L’œuf de chair ne railleras qu'en chômage seulement.


7. Un robot du deviendra sans réfléchir aux commandements.


8. Qu'en toi renaisse l'inquisiteur, plus cruel et plus brutal encore.

9. Pour les courbettes: thou shalt speak white; pour les tickets: parle joual!

10. Aux poètes, tu passeras ta muselière et autres outils répressifs.


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Note sur le 3e commandement :

Une fois l'an, en octobre, tu te souviendras de Parthenais.

Parthenais


Le centre de détention de Parthenais tel qu'aperçu par les milliers d'automobilistes qui s'engagent quotidiennement sur le pont Jacques-Cartier. Le bâtiment qui abrite le grand quartier général de la Sûreté du Québec ainsi que le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale porte le nom d'Édifice Wilfrid-Derome en l'honneur du médecin fondateur du premier laboratoire du genre en Amérique du Nord.




L'édifice Parthenais
Source: WEB
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Note sur le 9e commandement :

Thou shalt speak white: tu parleras blanc

Speak white
Speak white (en français : « Parlez blanc ») est une injure proférée aux Canadiens français par les Canadiens anglais lorsqu'ils parlaient français en public. Cette expression péjorative est rarement utilisée de nos jours. L'invective a également inspiré un poème écrit par Michèle Lalonde en 1968 et un film réalisé par Pierre Falardeau et Julien Poulin en 1980. (Wikipédia)

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dimanche 28 octobre 2018

Littérature russe - Les Cosaques

Lors de la lecture de Les Cosaques, j'avais souligné:

(Erochka à Olenine):


« - Un péché? Où est le péché? répondit le vieillard sur un ton décidé. Regarder une belle fille, c'est un péché? S'amuser avec elle, c'est un péché? L'aimer, c’est un péché? C’est comme ça, chez vous? Non, mon cher, ce n’est pas un péché, c'est le salut. Dieu t'a créé, et il a créé aussi les filles. C’est lui qui a tout fait, mon cher. Par conséquent, ce n'est pas un péché de regarder une belle fille. Elle a été créée pour être aimée et procurer de la joie. Voilà comme je juge, mon bon! »
Page 86



Léon Tolstoi, Les cosaques, Livre de poche classique 1399, 1965.

Photo: Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau



Citation prise sur le WEB (Jurisprudence Islamique - Les Péchés de l’ŒIL (des Yeux) en Islam):



«Ainsi, regarder le visage de la femme ‘ajnabiyyah ou ses mains avec désir est interdit. Quant au fait de regarder autre chose que son visage et ses mains (c’est-à-dire une partie dévoilée et non pas les vêtements), c’est interdit même s’il n’y a pas de désir ni de crainte de tentation.



Par conséquent, si quelqu’un a regardé délibérément son visage ou ses mains sans désir et qu’ensuite il a senti en lui-même un désir, il lui devient obligatoire de détourner son regard. Concernant le regard initial vers les mains ou le visage, avant que ne vienne le désir, c’est ce que l’on appelle le premier regard ; il n’y a pas de péché par ce regard-là ; At-Tirmîdhiyy a rapporté ainsi que Abôu Dâwôud d’après Bouraydah que le Messager de Allâh, Salla l-Lâhou `alayhi wa sallam a dit :


« يا علي لا تتبع النضرة النضرة فإن لك الأولى و ليست لك الثانية »

Ce qui signifie : « Ô `Aliyy ne fait pas suivre le regard sans désir par un regard avec désir car certes tu as droit au premier [regard sans désir vers le visage et les mains] et tu n’as pas le droit au deuxième [regard avec désir vers le visage et les mains] ».
S’il regarde le visage et les mains pendant un certains temps sans désir ceci est appelé le premier regard, s’il ressent le désir il doit détourner son regard, ceci est la signification du Hadîth du Messager de Allâh.

Si son regard tombe sans le vouloir sur autre que le visage et les mains de la femme ‘ajnabiyyah (c’est-à-dire une partie dévoilée et non pas les vêtements), il doit détourner son regard.»

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samedi 27 octobre 2018

Personnellement - En 1968, j'ai lu 65 livres

L'année 1968 a été fertile en lecture. Soixante-cinq livres lus, de tous les genres, comme vous pouvez le constater ci-dessous. À l'époque, j'avais même dactylographié la liste (voir plus bas)

1. 03 janvier "Le livre des maitres du monde", par Robert Charroux.
2. 05 janvier "Les paradis artificiels", par Charles Baudelaire.
3. 08 janvier "Un histouri pour l'inspecteur", par John Creasy.
4. 10 janvier "La princesse de Clèves", par Madame de la Fayette.
5. 11 janvier "Einstein et l'Univers", par Lincoln Barnett.
6. 14 janvier "Le père Goriot", Honoré do Balzac.
7. 29 janvier "Histoire universelle Tome III", par Carl Grimberg.
8. 10 février "Planète 38" Janvier-février 1968, 150 p.
9. 13 février "Spoutnik" Novembre 1967, No 6, 50 p,
10. 24 février "Madame Bovary", par Gustave Flaubert.
11. 03 mars "Étoiles et galaxies", par Thorton Page.
12. 14 mars "La cybernétique et l'humain", par Aurel David.
13. 17 mars "L'homme", par Jean Rostand, Collection Idées, 175 p.
14. 18 mars "Andromaque", par Racine, 75 p.
15. 19 mars "Antigone", par Jean Anouilh, 75 p.
16. 24 mars "Terre des hommes", par Antoine de Saint-Exupéry.
17. 25 mars "Vol de nuit", par Antoine de Saint-Exupéry.
18. 02 avril "Le temps" Le monde des sciences", Time-Life-Book, 190 p.
19. 06 avril "Le dossier de la cybernétique", par plusieurs savants.
20. 12 avril "Polyeucte" Corneille, Classique Larousse, 80 p.
21. 25 avril "Les conquistadors", par J. Descola.
22. 29 avril "Charles-Quint", par J. Lucas-Dubreton.
23. 30 avril "The black tulip", par Alexandre Dumas. Résumé. 75 p.
24. 09 mai "La magie des rayons", par Dioglini, 200 p.
25. 12 mai "Planète 39" Mars-avril 1968, 150 p.
26. 18 mai "L'homme cet inconnu", par Alexis Carrel.
27. 20 mai «Planète 40»  Mai-juin 1968, 150 p.
28. 22 mai "L'Univers de l'atome", par Adler Irving.
29. 23 mai "Les courses et leurs techniques", par Baguetti Barbieri.
30. 28 mai "1,2,3...l'infini", vulgarisation scientifique.
31. 09 juin “L‘évolution", Le monde vivant, Time Life Book, 190 p.
32. 12 juin "Horace", Oeuvres complètes.
33. 14 juin "Votre pensée peut tout" ,par Vincent Peale, 256 p.
34. 18 juin "Dracula", par Dram Stoker.
35. 03 juillet "Le passe-muraille", par Marcel Aymé.
36. 06 juillet "Bouvard et Pécuchet", par Gustave Flaubert.
37. 09 juillet "Un certain Monsieur Blot", par Pierre Daninos.
38. 09 juillet "Les merveilleux nuages", par Françoise Sagan.
39. 10 juillet «Regain», par Jean Giono.
40. 11 juillet "Le jacassin", par Pierre Daninos.
41. 13 juillet "Le mur", par Jean-Paul Sartre.
42. 15 juillet "Les carnets du Major Thompson", par Pierre Daninos.
43. 17 juillet "Paroles", par Jacques Prévert.
44. 23 juillet "Totem et tabou", par Sigmund Freud.
45. 23 juillet "L'étranger», par Albert Camus.
46. 28 juillet "Le nœud de vipères", par François Mauriac.
47. 06 août "La philosophie", par Jérome Grynpas.
48. 07 août "L'immoraliste", par Ardré Gide.
49. 10 août "La nausée", par Jean-Paul Sartre.
50. 14 août "Les triomphes de la psychanalyse", par Pierre Daco.
51. 26 août "Les pensées", par Blaise Pascal.
52. 28 août "Les cosaques", par Tolstoï.
53. 29 août "Lettre à un Français qui veut émigrer au Québec", par Carl Dubuc.
54. 03 septembre "Le silence de la mer", par Vercors.
55. 10 septembre "Le meilleur des mondes", par Aldous Huxley.
56. 11 septembre "Les fleurs du mal, par Charles Baudelaire.
57. 17 septembre "Les fables", par Lafontaine.
58. 19 septembre "Lettres de mon moulin", par Alphonse Daudet.
59. 08 octobre "Histoires abominables", par A. Hitchcock.
60. 10 octobre "La pitié dangereuse», par Stephan Sweig.
61. 11 octobre "Planète 41" Juillet-août 1968. 
62. 28 octobre "Le nouveau Planète 1", Septembre-octobre 1968.
63. 03 novembre "Les sept jours de la Création", par F.L. Boschker. 
64. 18 décembre «Edgar Alen Poe, par lui-même», par Jacques Cabon.
65. 23 décembre «L'axiomatique" ???


1. Et l'année 1969 (4 janvier) commence avec «Tacite et le destin de l'empire», par Alain Michel.


Liste dactylographiée (en 1968):






Photos : Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau
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vendredi 26 octobre 2018

Personnellement - Certificat de naissance et de baptême

J'ai été baptisé le lendemain de ma naissance dans la paroisse Très-Saint-Nom-de-Jésus, à Montréal. Voici le certificat de naissance et de baptême, rédigé 20 ans plus tard. Avant de le publier sur le Web (près de 50 ans plus tard), j'ai dû le caviarder, afin d'éviter, bien sûr, un possible vol d'identité, la nouvelle réalité des médias sociaux.

Photo : Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau


On baptisait les nouveau-nés sans attendre, de peur qu'ils n'aillent dans les limbes, là où séjourneront pour l'éternité les enfants morts sans baptême.

Massacre des Innocents,
fresque de Giotto à la chapelle Scrovegni de Padoue (vers 1304-1306)
Source: WEB

Remarquez l'avertissement sur le document: Certificat abrégé, non valable pour fins de mariage.

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mercredi 24 octobre 2018

Roman policier - L'assassin habite au 21

Voici un travail pratique du cours Français 401, Groupe 109, au Collège de Maisonneuve, que j'ai présenté à M. Dumas, lundi 23 mars 1970.

Sujet: Étude du roman policier L'assassin habite au 21

Note: 75 %

Commentaire du professeur:
Excellente étude. Dommage cependant qu'il y ait trop de fautes.









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L’Assassin habite au 21 est un roman policier belge de l’écrivain Stanislas-André Steeman, publié en 1939.






Résumé

Un mystérieux assassin terrorise Londres en commettant des crimes en série. Il signe ses forfaits d’une carte de visite au nom de « Monsieur Smith ». Le superintendant Strickland est chargé de l’enquête. Ses investigations le conduisent rapidement dans une pension de famille (au 21 Russell Square) où se cache le coupable. Il n’aura alors de cesse de le démasquer parmi les locataires, mais chaque fois que l'un d'entre eux est écroué, un nouveau meurtre est commis par le tueur en série, et la police retourne à la case départ. (Wikipédia)



Photos : Pierre Rousseau - © 2018
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mardi 23 octobre 2018

Créatitude - Le bonheur

Je ne cherche pas le bonheur, mais des moments heureux. Moment sous-entend ici un instant... ou une époque de ma vie. Le bonheur est passager; il est année, jour, heure, mais rarement seconde. De l'odeur du café qui fume au silence de la mer, du sourire de l'amante à la victoire sur moi-même, le bonheur ne prend que l'essentiel. Même la tristesse, quand elle est mélancolie, donc absence de gaieté, installe une trêve aux hostilités du quotidien. Le moment heureux est toujours un état second, en marge du raisonnement, et souvent du raisonnable. Dès que je prends conscience du bonheur, il s'évanouit dans l'instant, ou un peu plus tard, comme un rêve que la journée chasse peu à peu.

Je ne peux outrepasser le bonheur, il ne saurait en avoir trop. Il faut, par contre, savoir quand il commence, c'est-à-dire prendre conscience de l'instant où le moment devient heureux. Mais ne pas se le dire. L'allégresse est éphémère, car elle s'appuie sur des critères fuyants et mal définis.

(Créatitude, Pierre Rousseau, 2003)


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lundi 22 octobre 2018

Poésie - Baudelaire

Voici un travail pratique du cours Français 214, au Collège de Maisonneuve (Montréal), que j'ai présenté, lundi, le 23 décembre 1968, à Mlle C. Lepage.

Sujet: L'exotisme chez Baudelaire - Les Fleurs du mal - «La chevelure»

Note: 70 % (80 % - 10 % orthographe)

Commentaire du professeur:

Très bon travail, sérieux, qui me laisse toutefois sceptique quant à son «originalité» !!! Attention aux répétitions.

Encore une fois revient le commentaire: «qui me laisse toutefois sceptique quant à son originalité», un jugement que je qualifierais de «téméraire», car non fondé sur des preuves suffisantes. Pendant toutes mes études, je serai ainsi faussement accusé d'emprunt, voire de plagiat.










Texte intégral

Dans sa vingtième année, Baudelaire accomplit un voyage jusqu'à la Réunion, avec un séjour à l'île Maurice. Ce périple autour de l'Afrique a sans nul doute inspiré l'auteur des Fleurs du mal. Observant et admirant le mode de vie dans des pays étrangers entièrement différents de la France, Baudelaire a recueilli des sensations extraordinaires qu'il a su intégrer dans son oeuvre, L'exotisme se ressent dans plusieurs poèmes des Fleurs du mal, et les attraits exotiques qui ont capté l'admiration de l'auteur y sont aisément décelables.

Comme le fait remarquer Henri Lemaitre, nous retrouvons dans les Fleurs du mal un "symbolisme du parfum". En fait, que symbolise "le parfum" pour Baudelaire?

L'auteur identifie l'exotisme au parfum. Un parfum caractérise un pays comme le sentiment poétique caractérise le poète. Comme un parfum imprègne les objets environnants, l'exotisme s'imprègne profondément dans le voyageur. Baudelaire a goûté aux chaudes caresses de cet arôme enivrant qu'est l'exotisme. Et maintenant, c'est avec une intense sensation suave qu'il rêve à "tout un monde lointain, absent, presque défunt", et ce monde, Baudelaire le retrouve dans une chevelure.

Il faut maintenant se demander ce que symbolise cette chevelure dans laquelle l'auteur plonge avec ivresse, langoureusement. Cette chevelure, c'est tout simplement l'appel des souvenirs. Dans ces "cheveux bleus", Baudelaire revit son voyage, ses sensations. Il découvre et redécouvre l'exotisme qu'il a laissé là-bas; les exhalaisons de cette chevelure lui ouvrent les portes de paradis perdus.

Cette "toison" renferme un univers merveilleux, artificiel, où l'auteur plonge langoureusement son rêve, un univers de beauté, de richesses, de chaleur.

LE PARFUM
Comme mentionné plus haut, Baudelaire identifie le parfum à l'exotisme. Dans son poème "La chevelure", il fait fréquemment allusion à un parfum de telle sorte que l’arôme devient inséparable de la chevelure, comme les pays lointains et inconnus sont inséparables d'un exotisme caractéristique,

v.2 Ô boucles! Ô parfum chargé de nonchaloir!"
v. 8 "Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique!"
v.10 "Le mien, Ô mon amour, nage dans ton parfum."
v.17 "À grands flots le parfum..."
v.25 "Infinis bercement du loisir embaumé !"
v.29 "Je m'enivre ardemment des senteurs confondues"

Donc, le parfum est, pour Baudelaire, le premier trait caractéristique de l'exotisme.

L'OCÉAN

v.9 "Comme d'autres esprits voguent sur la musique, (...)"
v.10 "Le mien, Ô mon amour! nage sur ton parfum"
v.13 "Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!"
v.14 "Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve"
v.15 "De voiles, de rameurs, de flammes et de mât: (...)"
v.16  "Un port retentissant où mon âme peut boire"
v.17 "À grands flots le parfum, le son et la couleur;"
v.18 "Où les vaisseaux..."
v.21 "Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse"
v.22 "Dans ce noir océan,,."
v.23 "Et mon esprit subtil que le roulis caresse"
v.25 "Infinis bercements..."
v.34 "N'es-tu pas l'oasis..."

L'eau. Dans ce poème, Baudelaire utilise un ample vocabulaire marin: l'eau semble devenue - après le parfum - le thème second de l'exotisme. Dans son long périple autour de l'Afrique, l'auteur a été constamment en contact direct avec l'océan. Et sûrement que les "infinis bercements" ont influencé Baudelaire.

Pendant son voyage, il a dû être familiarisé avec ces expressions: voguer, nager, houle, mer, voiles, rameurs, port, flots, vaisseaux, plonger, océan, roulis, bercements, oasis, etc.

Et quel magnifique rapprochement pouvons-nous faire entre la mer et une chevelure ondulante. Baudelaire a admirablement fait cette identification lorsqu'il écrit: "Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!", et c'est un départ vers un pays exotique. Et cet autre vers; "Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve". Oui, l'auteur a dû longuement promener son regard sur le vaste océan désert, et son esprit a vagabondé, rêveusement, sur cet horizon sans fin.

Il semble que le ciel ait peu influencé Baudelaire. Il en est fait mention deux fois seulement:

v.20 "D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur."
v.27 "Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond"

LES SENS
Tous les sens de l'auteur ont suavement goûté aux délices des pays exotiques. Et dans ce poème, il y a transmission de ces sensations ressenties.

Les sons
v.9 "...sur la musique,"
v,16 "Un port retentissant..."
v.17 "À grands flots le parfum, le son et la couleur."

Dans les vers 16 et 17, trois sens sont mentionnés: ouïe, odorat, vue. Les grands ports avec leur animation bruyante et colorée ont vraisemblablement attiré l'attention éveillée de Baudelaire. Les nombreuses escales qu'il a faites lui ont permis de prendre de vivants contacts dans les populations autochtones.

Les couleurs
v.3 "... l'alcôve obscure"
v.14 "Tu contiens, mer d'ébène,..."
v.17 "À grands flots, le parfum, le son et la couleur"
v.22 "Dans ce noir océan..."
v.26 "Cheveux bleus..."
v.26 "...ténèbres tendues"

Un fait impressionne: pourquoi l'auteur insiste-t-il sur les couleurs sombres, alors que les couleurs exotiques sont habituellement "voyantes"? Il ne faut pas oublier cette chevelure où l'auteur puise tous ses souvenirs, et cette chevelure est intensément noire: "Cheveux bleus..."

Les senteurs.
Généralement, le parfum frappe l'odorat de l'auteur. Mais à ces parfums se mêlent parfois les sueurs des hommes nus travaillant sous un soleil torride. Et Baudelaire n'a pas été insensible à ces êtres humains vivants dans la nature et luttant à force humaine contre elle :
"J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
"Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;"

Et aussi des senteurs confondues:
"Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
"De l'huile de coco, du musc et du goudron."

Le toucher.
Dans ce poème, peu de mentions du toucher, sauf en ce qui regarde la chaleur:

"...la brûlante Afrique,"
"Se pâment longuement sous l'ardeur des climats."
"D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur."

LA RICHESSE
La richesse des psys exotiques n'a pas été sans influencer Baudelaire, et il le montre dans ces vers:

v.18 "Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,"
v.32 "Sèmera le rubis, la perle et le saphir."

Mais Baudelaire, vraisemblablement, ne s'attachait pas à la valeur matérielle de ces richesses. Il voyait peut-être dans ces trésors miroitants la cupidité des hommes à travers les siècles, et toutes les guerres occasionnées par ce vice des hommes. Ou encore, l'auteur ne retenait-il que l'aspect esthétique de ces richesses?

LES MOTS EXOTIQUES
L'auteur utilise un intéressant vocabulaire de mots exotiques tel que: Asie, Afrique, ébène, or, moire, huile de coco, musc, goudron, rubis, perle, saphir, oasis.

Baudelaire a désiré intégrer dans son poème un monde exotique, son univers de rêves dans lequel il se berce et s'engouffre.

Que représente l'exotisme pour Baudelaire? Premièrement, les pays lointains sont inséparables de l'océan. Pour atteindre leurs côtes bruyantes, le voyageur doit longuement naviguer sur la mer immense et son esprit a le temps de sauter les distances et de plonger instantanément dans l'exotisme d'un pays inconnu. Le voyageur imagine un univers miroitant de pierres précieuses, de marbre et d'ébène; il admire la démarche gracieuse des femmes et leur beauté légendaire; il hume le parfum et l'encens, la sueur des hommes. Tout ce monde défile dans son esprit: c'est un univers irréel. Mais qu'arrive-t-il lorsqu'il aborde les cités nouvelles? Il est le plus souvent déçu: tout avait été qu'illusion imaginative. Il tombe dans une brutale réalité; mais à son retour, ce voyageur gardera dans ses souvenirs, la féerique irréalité qu'il aura tendrement caressée.

Et Baudelaire a lui aussi préservé dans ses rêves la beauté enchanteresse de l'exotisme. Il ne rend pas la réalité dans son poème. Il brode et maquille un univers qui l'a peut-être déçu, tout au moins en partie. Il décrit ce qu'il aime: ses désirs deviennent des descriptions imagées.

L'ouïe, l'odorat, la vue et le toucher jouent un grand rôle dans l'exotisme imaginé par Baudelaire. Le parfum semble tout particulièrement avoir impressionné l'auteur, qui a même identifié le parfum à l'exotisme. Le parfum, c'est l'exotisme avec tout ce que cela renferme, et le parfum se rattache directement à la femme, à la femme exotique. Baudelaire a admiré les femmes -plusieurs de ses poèmes leurs sont dédiés - ces femmes mystérieuses qu'il a idéalisées.

Baudelaire a vu des ports bruyants et colorés; il a entendu de la musique; il a senti sur sa peau la chaleur intense du soleil; il a humé le parfum et la sueur des hommes laborieux: tout cela compose l'exotisme chez Baudelaire.

L'auteur a également connu la richesse de ces pays, le luxe et la paresse des grands riches. Il faut dire aussi que Baudelaire a dépassé ou s'est élevé au-dessus de la petite population autochtone pour choisir la grande vie. Pour Baudelaire, la richesse des pays exotiques veut dire: luxe, "féconde paresse", rubis, perle, saphir, ébène.

Photos : Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau
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dimanche 21 octobre 2018

Sports - Trouvez l'erreur...

Dans l'image suivante, tirée de l'album Les casseurs - 15. Match poursuite, ce qui est écrit dans la bulle ne correspond pas à ce qui est montré dans l'image. Trouvez l'erreur.

Bulle: «Échappée du 44, Stéphane Richer... mais un adversaire lui glisse un bâton entre les pieds pour le faire trébucher...»

Mais, sur l'image, on voit Stéphane Richer se diriger vers... son propre gardien!

Photo : Pierre Rousseau - © 2018
Archives Pierre Rousseau




Les casseurs - Al & Brock
15. Match-poursuite
Une BD de André-Paul Duchâteau et Christian Denayer  chez Lombard - 1988
Source: WEB

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Stéphane Richer, né le 7 juin 1966 à Ripon, dans la province de Québec, au Canada, était un ailier gauche avec sur un bon coup de patin malgré sa taille imposante. Il possédait un lancer frappé dévastateur qu’il dégainait très rapidement. Ses deux saisons de 50 buts et plus lui ont permis à chaque fois de mettre la main sur la coupe Molson, remise au joueur de l’année des Canadiens. (Source: Web)

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Voici un article intéressant de Joanie Godin publié 08 décembre 2014:

Le «44» de Stéphane Richer n'était pas un hasard

Durant toute son enfance, Stéphane Richer a écouté son père lui raconter les exploits de son idole, Jean Béliveau. C’est pour cette raison qu’il a toujours porté le numéro 4, puis le 44, même si ce «gros» numéro lui a amené son lot de moqueries à l’époque.
L’ancien du Canadien de Montréal n’a endossé que deux numéros dans sa jeunesse, le 4 et le 2. Pas grave dit-il, car «deux et deux font quatre!». Lorsqu’il est arrivé dans les rangs juniors à Granby à un très jeune âge, le capitaine de son équipe portait déjà le numéro 4. Il devait donc en faire son deuil. Mais il y tenait, alors il a demandé à l’organisation d’avoir le 44.

Le hic, c’est qu’à l’époque, deux seuls joueurs portaient des «gros» numéros : Mario Lemieux avec le 66, et Wayne Gretzky avec le 99. Vouloir les imiter était vu comme un geste prétentieux.

«Si tu avais un gros numéro, il fallait que tu sois quelqu’un de vraiment important. Quand j’ai commencé dans le junior, on s’est vraiment moqué de mon 44», a-t-il confié quelques instants après avoir rencontré la famille Béliveau lors de la chapelle ardente.

Lorsqu’il s’est fait repêcher par le Canadien, des légendes comme Jean Béliveau et Maurice Richard le taquinaient à savoir s’ils devaient enlever le chandail numéro 4 à M. Béliveau pour le lui donner.

Le 22 en attendant

À son premier match avec le Tricolore, c’est le numéro 22 qui était inscrit sous le nom de Richer.
«Ils venaient d’échanger Steve Shutt, alors ils me l’ont donné. Je me suis dit que c’était correct, car c’est la moitié de 44! Serge Savard m’a d’ailleurs rappelé tantôt la journée où il m’a offert le 44. Il était dans son bureau, fumait son gros cigare, et m’a dit "Tu vas "dealer" avec ça, n’est-ce pas? Tu vas "dealer" avec le 66 et le 99?", a raconté Richer.
«À ma première année, à 19 ans, je me suis fait écoeurer comme vous ne pouvez pas l’imaginer avec ce numéro, mais l’année suivante, j’ai été chanceux. J’ai gagné la coupe Stanley et marqué 50 buts, alors ç’a calmé les choses. J’ai gagné le respect pour pouvoir le porter!»

Un chandail d’une grande valeur

Richer a eu la chance de prendre part à de nombreuses séances d’autographes avec Jean Béliveau. Il lui a d’ailleurs demandé de signer un de ses chandails il y a quelques années.

«Il a écrit "À mon ami Stéphane, de Jean Béliveau", sans que je lui demande. J’ai dit à ma femme ce matin que mon chandail avait maintenant une valeur encore plus grande à mes yeux», a-t-il raconté en souriant.

Parlant de signature, la première chose que M. Béliveau lui a enseignée, c’est de prendre soin de ses "fans", en soignant son autographe et en répondant à leurs demandes.

«J’ai beaucoup appris à le côtoyer», a-t-il conclu.

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